A l’occasion de la diffusion du téléfilm, le 3 décembre 2007 « Marie Humbert, l’amour d’une mère », la polémique rebondit avec le témoignage d’Hervé Messager, kinésithérapeute de Vincent Humbert.
Le témoignage du kinésithérapeute
Hervé Messager a soigné Vincent Humbert pendant deux ans au centre héliomarin de Berck-sur-Mer. Il affirme « qu’à partir d’un fait réel, on a brodé tout ce qu’il fallait de douloureux, de souffrance […] pour faire passer une idéologie ». « On a manipulé complètement la vérité et l’opinion », souligne-t-il dans un message envoyé à tous les parlementaires et diffusé sur le site de l ‘association SOS Fin de vie. « Pourquoi avoir tué Vincent ? Il avait encore plein de choses à vivre […] Il blaguait, il riait. On a menti sur plein de choses pour justifier l’acte final. On a dit qu’il était aveugle : certes, il voyait très mal, mais il voyait ; on a fait croire qu’il avait mal : il n’avait mal nulle part. » Hervé Messager reconnaît que Vincent passait par des phases de découragement et de peur mais qu’il savait aussi être gai.
Sous influence ?
Marie Humbert semble avoir été influencée par des associations militantes du ″droit de mourir″. Vincent n’était pas tétraplégique, comme on l’a affirmé, mais il avait une double hémiplégie, ce qui signifie que son cortex était atteint et ses facultés intellectuelles très diminuées. Comment alors aurait-il pu écrire une lettre au Président Jacques Chirac ? « Il ne savait pas utiliser la langue française avec une telle subtilité. Derrière ce qui était dit de la réalité indéniable de son état, je découvrais des sophismes qui ne pouvaient venir de lui, comme le rapprochement entre le droit de grâce présidentiel et la revendication d’un droit à la mort. » Il est également improbable qu’il ait pu écrire le livre qu’on lui prête, précise Hervé Messager.
Médecin ou vétérinaire ?
Dans son livre « Pour tous les Vincent du monde »(1), Marie Humbert réclame l’insertion dans le code pénal de l’exception d’euthanasie. « Comme me le disait si souvent mon fils quand il me suppliait d’accéder à sa demande, lorsqu’un chien agonise, on le transporte chez le vétérinaire qui se charge de mettre fin à son calvaire. » La proposition de loi dite « loi Vincent Humbert » s’inspire de la législation belge : « là-bas, les gens n’ont plus peur de mourir depuis que cette loi a été adoptée puisqu’ils sont sûrs de ne pas avoir à souffrir inutilement… », avance Marie Humbert. Qu’en est-il alors du climat de confiance qui doit régner entre le malade et le personnel soignant dont le rôle est aussi de les soutenir dans les moments de découragement ?
Parallèle avec l’IVG
On retrouve chez Marie Humbert, ou ceux qui tiennent sa plume, les mêmes arguments et erreurs que ceux invoqués il y a 35 ans pour réclamer la légalisation de l’avortement, en prétendant que l’euthanasie est déjà en France une réalité qu’il est urgent d’encadrer : Marie Humbert affirme que « dans les services de réanimation, la moitié des patients meurt après décision de limitation ou d’arrêt de soins actifs et l’on peut estimer qu’une proportion de 10 à 20% de ces décisions médicales sont des injections avec intentionnalité de décès ». Sur les 180 000 malades qui meurent chaque année en France dans un service de réanimation, elle insinue donc que 9 000 à 18 000 personnes seraient déjà victimes d’une euthanasie active… Plutôt qu’accepter la généralisation sournoise, elle réclame donc que la loi prenne en compte les cas extrêmes « où le devoir d’humanité ne saurait s’assimiler à un geste criminel ». On se souvient que devant l’Assemblée Nationale le 26 novembre 1974, Simone Veil s’écriait : « nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes de ce pays ». Une estimation raisonnable de l’INED situe ce chiffre d’alors entre 40 et 60 000…
1. Pour tous les Vincent du monde – Une histoire d’amour, Marie Humbert, Ed. Michel Lafont, Août 2007.