La HFEA autorise un bébé médicament

Publié le 23 Juil, 2004

La Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) a donné son accord à la famille Fletcher pour la création d’un "bébé médicament" afin de guérir leur fils cadet malade (cf. revue de presse du19/07/04). La HFEA est, en Grande Bretagne, l’organisme public qui est chargé d’une part d’accréditer et de contrôler les établissements hospitaliers spécialisés dans la procréation médicalement assistée et la recherche sur l’embryon et d’autre part de régir les questions de bioéthique.

Jusqu’à maintenant, la HFEA n’autorisait la sélection d’embryon effectuée par un diagnostic pre-implantatoire (des cellules sont prélevées sur un embryon créé par fécondation in vitro puis analysées) que pour déceler une maladie héréditaire. LA HFEA, en donnant son accord à la famille Fletcher, vient d’élargir le champ du DPI aux "bébés médicaments", surnommés outre-Manche "designer babies". Il s’agit donc après une fécondation in vitro (FIV), d’avoir recours au diagnostic pré-implantatoire (DPI) pour sélectionner, parmi les embryons créés, les embryons sains c’est à dire non porteurs de la maladie de l’aîné malade et compatibles sur le plan immunologique pour une future greffe de cellules. L’organisme britannique précise que pourra être créé un "bébé médicament" qu’en "dernier recours" si aucun donneur compatible n’a été trouvé dans les banques de tissus et les banques de cellules de cordon ombilical. La HFEA continuera de statuer au cas par cas.

Cette décision n’a pas fait l’unanimité. Certaines associations pointent du doigt le principe même de la création d’un enfant dans le but d’en guérir un autre. Le Dr David King de Human Genetics Alert explique "c’est une erreur de concevoir un enfant comme un simple moyen de parvenir à une fin, aussi bonne soit-elle, car c’est le transformer en objet. Les enfants ne sont pas des outils dont on peut disposer". D’autres déplorent le fait que le Parlement et la Commission pour la génétique humaine n’aient pas été associés à cette décision d’autant qu’ils travaillent actuellement sur cette question.

NDLR : Ce n’est pas la première fois que l’absence de consultation publique dans les décisions de bioéthique prises par la HFEA est déplorée (cf. revue de presse du 28/06/04). Ne peut-on pas s’interroger à notre tour sur la manière dont la future Agence de biomédecine française prendra des décisions engageant toute une société sur le terrain de la bioéthique ? N’est-ce pas une façon de laisser confisquer le débat éthique par un seul petit groupe "d’experts" comme c’est dénoncé déjà en Grande Bretagne ?

Consulter en ligne le dossier sur le diagnostic pre-implantatoire (DPI)

La Croix (Laurent d’Ersu) 23/07/04 –

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