Le 18 juin dernier a été inauguré l’Institut IMAGINE, spécialisé en génétique et créé dès 2007. Parmi ses initiateurs figure Arnold Munnich, directeur du département de génétique de l’hôpital universitaire Necker-Enfants malades et membre de la direction scientifique de l’institut IMAGINE. Simultanément paraissent une interview d’Arnold Munnich dans Le Figaro ainsi que le numéro de juillet de la revue Esprit, comprenant un dossier “médecine : prédictions à risque”.
D’une manière générale, sur les questions de bioéthique, Arnold Munnich soutient la loi universelle et le respect de la vie comme principe essentielle de celle-ci : “Nous [à l’Institut IMAGINE] avons pris le parti de la vie” ; “La loi se doit de garantir le respect de la vie humaine depuis son commencement” ; “On ne change pas la loi universelle pour régler des problèmes particuliers, aussi douloureux soient-ils”.
Si Arnold Munnich évoque très justement les dangers du séquençage en situation prénatale, en particulier celui de l’eugénisme, il convient de noter que le DPN et le DPI en sont les premiers responsables. Ainsi la“porte ouverte” à l’eugénisme l’est déjà depuis la première loi de bioéthique de 1994 qui définit l’enfant comme un “projet”, c’est-à-dire comme un concept qu’on peut modeler à sa guise et non comme la réalité d’un être vivant qui doit être accueilli. Les lois de bioéthique suivantes de 2004 et 2011 ont renforcé la place de la technoscience et diminué celle de l’éthique en multipliant les dérogations aux interdits. La loi de 2013 relative à la recherche sur l’embryon a pris acte de cette évolution absurde en changeant radicalement de point de vue : la dérogation à un principe est devenue une autorisation encadrée.
La question centrale est de savoir si l’on peut afficher à la fois l’importance de la norme universelle et l’acceptation de certaines transgressions dans la loi elle-même, sans “normaliser” à terme la transgression.
N’est-ce pas ce qui s’est toujours passé (avortement, DPN et IMG, PMA et DPI, recherche sur l’embryon) et qui risque de se passer pour la GPA comme pour l’euthanasie ?
Le Figaro (Vincent Trémolet de Villers) 02/07/2014 – Le blog de Jean-Yves Nau 03/07/2014 – Gènéthique