Samedi, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé la composition de son nouveau Gouvernement. Présenté comme « conservateur », il a suscité des réactions parfois vives.
Les « droits acquis » seront « intégralement préservés »
Bruno Retailleau nommé à l’Intérieur, Patrick Hetzel à l’Enseignement supérieur et à la recherche, Annie Genevard à l’Agriculture, Astrid Panosyan-Bouvet au Travail, François-Noël Buffet aux Outre-mer, Paul Christophe à l’Egalité, Othman Nasrou à la lutte contre les discriminations … Plusieurs membres de l’Exécutif ont d’emblée été attaqués pour leurs positions qualifiées de « conservatrices »[1] et Michel Barnier sommé de donner des gages « progressistes ». Ce qu’il n’a pas manqué de faire dès le lendemain de ces nominations.
Evoquant les questions de PMA ou d’avortement, le Premier ministre a en effet assuré que les « droits acquis » seraient « intégralement préservés ». « Je serai un rempart pour qu’on préserve l’ensemble de ces droits acquis pour les hommes et les femmes de France », a-t-il promis.
Des nominations « ajustées »
Autre « gage de bonne conduite », Laurence Garnier, qui avait été pressentie pour être nommée ministre de la Famille, suscitant l’ire des associations militantes en raison de son opposition au mariage homosexuel et à la constitutionnalisation de l’IVG, s’est finalement vu confier le secrétariat d’Etat à la Consommation.
« Quand on parle de Laurence Garnier pour un ministère de la Famille, c’est tout comme si on nous annonçait l’arrivée au pouvoir de Hitler en personne », ironise la philosophe Chantal Delsol [2].
« Cela signifie que, dans une société pourtant en principe démocratique, certaines questions sont interdites de débat », analyse-t-elle. A titre d’exemple, elle évoque l’avortement et le mariage homosexuel : « L’inscription de l’IVG dans la Constitution montre bien la volonté de ne plus pouvoir discuter cette question, devenue une évidence morale que tous doivent admettre. D’ailleurs celui qui met en cause l’IVG est désormais passible de délit d’entrave », rappelle la philosophe.
L’incertitude autour de la question de la fin de vie
Le dossier de la fin de vie est passé des mains de Catherine Vautrin, à celles de Geneviève Darrieussecq, médecin allergologue, désormais ministre en charge de la Santé et de l’accès aux soins. Lors des débats du projet de loi du Gouvernement précédent, elle avait adopté une attitude plutôt prudente, refusant par exemple que l’on qualifie l’« aide à mourir » de « soin » (cf. Huitième jour de débats : l’« aide à mourir » adoptée).
Mais il n’est pas exclu pour autant que le Premier ministre mette un point d’honneur à « avancer » sur ce sujet, s’il le mettait au rang des « grandes lois » de « progrès social ou sociétal ». L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) exige déjà la reprise des débats sans délais et Olivier Falorni a vu sa proposition de loi récemment enregistrée par la Présidence de l’Assemblée nationale (cf. Fin de vie : la proposition de loi d’Olivier Falorni enregistrée à l’Assemblée nationale). Quelle sera son sort ?
Outre ces interrogations, une autre demeure : quelle sera la longévité de ce Gouvernement ?
Complément du 24/09/2024 : Interrogée par l’AFP, Geneviève Darrieussecq a indiqué soutenir l’idée que les parlementaires « doivent terminer le travail ». Elle a précisé devoir « en parler avec le Premier ministre » dont elle n’a « pas la position ». Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale et co-signataire de la proposition de loi d’Olivier Falorni, a de son côté déclaré souhaiter que le texte sur la fin de vie soit « réexaminé avant la fin de l’année à l’Assemblée ». (Sources : AFP, 24/09/2024)
[1] Aleteia, Fin de vie, IVG… Quelles sont les positions des nouveaux ministres ? Mathilde de Robien (22/09/2024) ; 20 minutes, Xavier Regnier Gouvernement Barnier : Retailleau, Garnier… Qui sont les ministres qui ont voté contre l’IVG dans la Constitution ? (22/09/2024)
[2] Le Figaro, Chantal Delsol : «Le ministère de la Famille, énième victime du magistère moral de la gauche» (22/09/2024)