Le Laboratoire d’État de Pékin sur les cellules souches et la biologie de la reproduction, vient d’annoncer la naissance de deux chimères porc-singe[1]. Cinq jours après la fécondation, des cellules de singe génétiquement modifiées, permettant de suivre les cellules et leur prolifération ultérieure, ont été injectées aux embryons de porcs. C’est la première fois que de tels animaux naissent vivants. Si les deux animaux avaient l’apparence de porcelets, une proportion de leurs cellules était celles d’un singe. A terme, les chercheurs espèrent faire naitre un porc doté d’un organe entier de singe, l’objectif visé étant de créer une chimère animal-homme, un animal doté de cellules humaines, permettant d’obtenir des organes humains transplantables (cf. Des chimères pour pallier le manque de greffons pulmonaires ?). Les résultats obtenus par l’équipe de chercheurs, dirigée par le Professeur Tang Hai, ont été publiés dans la revue Protein & Cell.
En l’espèce, le laboratoire chinois a implanté plus de 4000 embryons chimériques chez des truies qui ont donné naissance à dix porcelets, dont deux se sont révélés être des chimères. Chez ces derniers, plusieurs tissus dont le cœur, le foie, la rate, les poumons et la peau, étaient en partie constitués de cellules de singe (entre 1 sur 1000 et 1 sur 10 000 cellules). Les dix porcelets sont décédés la semaine suivant leur naissance, sans que la raison de leur mort soit connue. Les scientifiques ont l’intention de réitérer l’expérience pour créer des animaux sains avec des concentrations plus élevées d’ADN de singe pour produire à terme un animal avec un organe ne contenant que de l’ADN de singe.
A l’annonce des résultats de l’expérience menée à Pékin, Paul Knoepfler, biologiste à l’Université de Californie, a émis des doutes quant à la possibilité de créer à terme des chimères ayant des organes humains transplantables, il préfère d’autres techniques de développement d’organes comme celle de l’ingénierie tissulaire.
Pour aller plus loin :
Chimères animal-homme : « Une folie menée au nom de la liberté de la recherche »
Les chimères, une pratique séduisante mais dangereuse
Le Matin, Michel Pralong (8.12.2019)
Trust my Science, Thomas Boisson (7.12.2019)