La boite à outil génétique s’agrandit

Publié le 25 Oct, 2017

Ce 25 octobre, l’équipe de Feng Zhang du MIT a rendu public ses travaux visant à modifier l’ARN sans toucher à l’ADN dans les cellules, grâce à un outil moléculaire basé sur l’enzyme CRISPR Cas 13 et nommé REPAIR[1].

 

« L’expression des gènes se fait par une transcription de l’ADN en ARN, qui lui-même est traduit en protéine aux rôles divers ». L’ADN comme l’ARN sont constituées de bases, à la différence que l’ARN n’est formé que d’un brin. CRISPR-Cas 9, découverte il y a quelques années, permet de « fixer, couper ou ajouter des gènes, à l’endroit précis de l’ADN que l’on a choisi ». Le nouvel outil REPAIR sert pour sa part à éditer l’ARN et modifie ainsi les « produits des gènes, sans changer le génome ». Il est composé de l’enzyme CRISPR Cas 13 associée à une autre protéine.

 

REPAIR présente « plusieurs avantages qui la rendent complémentaire de CRISPR Cas9 » : cette technique ne touche pas à l’ADN et la correction est donc réversible. En outre, « l’ARN modifié finissant par se dégrader au bout d’un certain temps, les modifications sont temporaires ». Cette capacité permet d’envisager le traitement de maladies transitoires comme l’inflammation locale. Enfin la précision de REPAIR « est telle qu’elle peut modifier des lettres (nucléosides) de la séquence d’ARN visée (équivalentes des ATGC de l’ADN) et spécifiquement transformer les A en I, une inversion connue pour être à l’origine de diverse maladies génétiques humaines telles que la maladie de Parkinson ou l’épilepsie focale ». REPAIR n’a entrainé que « très peu » de mutations indésirables dans les expériences menées, des tentatives pour corriger la mutation à l’origine de l’anémie de Fanconi.

 

Pour Jean-Louis Mandel, généticien et chercheur au CNRS, « on fait du bricolage, on teste de nouvelles enzymes. Bref on crée petit à petit une sorte de boite à outils génétique dont nous ne savons pas vraiment, à l’heure actuelle, ce qu’elle nous permettra vraiment de faire ».

 

Feng Zhang, le Broad Institute[2] et le MIT « prévoient de partager largement le système REPAIR en le rendant disponible gratuitement pour la recherche académique ». Ils souhaitent à présent mettre au point des « outils supplémentaires qui permettraient de modifier d’autres nucléosides de l’ARN que les A en I ».

 

[1] RNA Editing for Programmable A to I Replacement.

[2] Centre de génétique lié à Harvard et au MIT.

Sciences et avenir, Camille Gaubert (25/10/2017); Huffington post (25/10/2017)

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