Le journal Le Monde consacre un article à la biologie synthétique qui semble poser de nombreuses questions aux chercheurs. Elle a pour objet de fabriquer des cellules spécifiquement vouées au service de l’homme. Pour David Bensimon, directeur de recherche au laboratoire physique statistique de l’Ecole normale supérieure (Paris), "la principale révolution à venir sera de rendre plus populaires des techniques qui permettront à chacun de fabriquer ses propres organismes génétiquement modifiés". "Demain, tout élève surdoué pourra fabriquer sa bactérie, qu’il jettera ensuite à la poubelle ou dans les toilettes", redoute-t-il. Pour en arriver là, il "suffit" en effet de retirer le patrimoine génétique de la bactérie d’origine et de le remplacer par un autre.
Une vingtaine d’experts en biologie synthétique se sont réunis, en juin 2007, pour un symposium international. La biologie synthétique "aura de profonds effets sur l’humanité au cours des cinquante prochaines années", ont-ils conclu, car "la construction de séquences génétiques comparables à la taille du génome d’organismes simples est maintenant possible". C’est là la première étape vers l’obtention d’un organisme capable de remplir les fonctions qu’on voudrait lui assigner : assurer, par exemple, la conversion de plantes en combustibles ou détruire les cellules déviantes dans le corps humain.
Mais il faudra encore des dizaines d’années pour construire de telles cellules. "Nous avons besoin de développer des mesures de protection contre les accidents ou les abus de la biologie synthétique", estiment les chercheurs qui soulignent que "les risques sont réels mais les bénéfices potentiels vraiment extraordinaires".
Créer des organismes vivants artificiels suscite aussi l’inquiétude du philosophe Jean-Pierre Dupuy qui développe une critique des nanotechnologies. Il s’insurge notamment contre ceux qui veulent "maîtriser la maîtrise" de l’homme sur la nature. Un autre philosophe, Xavier Guchet, voit lui dans les nanotechnologies une nouvelle alliance entre l’homme et la nature.
Quoi qu’il en soit, le XXIème siècle verra nos rapports à la nature devenir de plus en plus complexes.
Le Monde (Michel Alberganti) 25/02/07