Dans son allocution de rentrée du 8 janvier dernier, le président de la République avait indiqué qu’il souhaitait "compléter le préambule de la Constitution pour (…) répondre au défi de la bioéthique" et avait chargé Simone Veil de mener à bien cette tâche qui pose au moins deux questions préalables : "faut-il effectivement créer des normes supralégislatives pour la bioéthique ? Et si oui, lesquelles ?" (cf. Synthèse de presse du 10/01/08). Hier, jeudi 3 avril, à l’initiative de l’association internationale Droit, Ethique et Science, le Sénat a consacré une journée à l’entrée de la bioéthique dans la Constitution.
Président de l’Association française de droit constitutionnel, Bertrand Mathieu estime que la bioéthique pose à nos sociétés actuelles deux problématiques relatives au principe de dignité humaine : l’eugénisme et l’instrumentalisation de l’humain. D’après lui, il faudrait avant tout choisir entre "une conception utilitariste de l’homme ou une conception ontologique, fondée sur la reconnaissance de la valeur de l’homme" et il est convaincu que c’est bien à la Constitution de répondre à ces questions. Ainsi faudrait-il inscrire certaines "valeurs" dans son préambule.
Reste à savoir quelles seraient ces valeurs… Et la réponse n’est pas si évidente quand le concept de dignité par exemple peut recouvrer plusieurs définitions. Directrice de recherche au CNRS, Marie-Angèle Hermitte propose d’introduire la bioéthique dans la Constitution en terme de "devoirs" plutôt que de "droits". Mais, cette suggestion ne résout pas tous les problèmes ; La Croix se demande ainsi qui seront les sujets de droits : les personnes ? les êtres humains ?.
La Croix (Marianne Gomez) 04/04/08