L’« aide à mourir » : la prochaine priorité des deux côtés de la Manche ?

8 Juil, 2024

Hier, les urnes ont rendu leur verdict, mettant en tête en France le Nouveau Front Populaire, qui n’a toutefois pas de majorité absolue. Un groupe quelque peu hétéroclite, au sein duquel les désaccords politiques sont nombreux. Pour la journaliste politique Eugénie Bastié, trois sujets de réforme pourraient toutefois réunir une « coalition allant d’Horizons à LFI modéré »[1]. Parmi eux, la fin de vie.

Gabriel Attal ne s’en était pas caché lors de la campagne législative : l’« aide à mourir » reste une priorité pour le camp présidentiel (cf. Législatives : l’« aide à mourir » reste une priorité pour le camp présidentiel). Hier, il a reçu le soutien de l’ancien président de la République, et désormais député, François Hollande (PS – Nouveau Front Populaire). Pour le nouvel élu, « il n’y a pas de temps à perdre » sur ce sujet. « Cela peut être possible dès les prochains jours », a-t-il même avancé lors de son allocution.

Un affrontement à venir dans les rangs de l’hémicycle ?

Si le prochain Gouvernement tardait à soumettre un projet de loi sur le sujet, il fait peu de doutes que plusieurs députés seraient en première ligne pour proposer un texte. Olivier Falorni (Divers gauche), fervent promoteur de l’euthanasie et rapporteur du projet de loi, a en effet été réélu. Agnès Firmin Le Bodo (Horizons), auteur du texte, également. Cette fois, ils devront toutefois compter sans Caroline Fiat (LFI) qui a, elle, été battue.

Face à eux, différents députés qui se sont opposés avec vigueur au texte ont également été réélus, comme les Républicains Patrick Hetzel, Thibault Bazin, Annie Genevard, ou Xavier Breton. Corentin Le Fur succède quant à lui à son père. Du côté du Rassemblement national, Jocelyn Dessigny, Julien Odoul, Hervé de Lépinau, Christophe Bentz ou encore Sandrine Dogor-Such seront aussi bien présents. En revanche, Pierre Dharréville (PCF) ne pourra plus faire entendre la voix des plus fragiles depuis les bancs de l’hémicycle (cf. La dissolution de l’Assemblée dissoudra-t-elle aussi le projet de loi sur la fin de vie ?).

Le Nouveau Front Populaire sera-t-il quant à lui unanime sur le sujet, ou Dominique Potier (PS) fera-t-il des émules ?

Une priorité également outre-Manche ?

Chez nos voisins britanniques, les élections ont également marqué un changement de bord politique. Or, le nouveau Premier ministre, Keir Starmer, est un fervent partisan de l’euthanasie. Il s’est personnellement engagé en faveur d’un changement de la loi [2].

Alors qu’il était procureur général du Royaume-Uni de 2008 à 2013, il a indiqué avoir supervisé environ 80 cas d’« aide à mourir ». Dans 79 d’entre eux, il a refusé d’engager des poursuites.

L’examen d’un texte sur la fin de vie sera-t-il la priorité de ces deux futurs Gouvernements comme des parlementaires ?

Complément du 19/07/2024 : Olivier Falorni (Les Démocrates), réélu en Charente-Maritime lors des dernières législatives, « envisage de déposer dans quelques jours une proposition de loi reprenant le texte exactement dans l’état où il était à la dissolution, c’est-à-dire en reprenant les modifications votées en commission et dans l’hémicycle ».

Un projet qui serait « un hommage » au travail de ses quatre co-rapporteurs, tous battus lors des dernières élections. « Je suis le seul survivant. Mais je suis toujours là, plus que jamais », avertit l’élu.

De son côté, Marine Le Pen, Présidente du groupe Rassemblement national estime que légiférer sur la fin de vie « n’est pas une urgence absolue par rapport aux préoccupations principales qui sont celles des Français ». (Sources : Libération, Jean-Baptiste Daoulas et Chez Pol (18/07/2024) ; BFMTV (17/07/2024))

 

[1] Dans un post sur X daté du 4/07/2024

[2] Mercatornet, With Keir Starmer in 10 Downing Street, assisted dying is on the way in the UK, Michael Cook (06/07/2024)

Photo : iStock

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