En Israël, la justice vient d’autoriser un couple d’israélien à utiliser le sperme de leur fils décédé pour féconder une mère porteuse, afin de répondre à leur désir d’avoir un petit enfant (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 12 novembre 2013). Revenant sur cette récente autorisation dans une tribune parue dans le quotidien le Figaro, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, souligne qu’une telle décision interroge à plusieurs égards.
Cette affaire établit “le droit à l’enfant“, revendiqué aujourd’hui par de nombreux couples, droit qui s’oppose au ” ‘droit de l’enfant’ à exister pour lui même et à jouir de ses deux parents de préférence vivants“. Pour Jean-Marie Le Méné, la revendication des grands-parents “potentiels à fabriquer ce qui peut être perçu comme un ‘bébé psychotrope‘” est “à l’évidence […] dépourvue de toute indication médicale et encore moins morale“.
Rien ne s’oppose d’ailleurs “à ce que l’on envisage des manipulations équivalentes pour les gamètes d’une femme décédée“. Pratique, inévitable au nom de l’égalité, qui a déjà été autorisée en Israël. Mais l’AMP “pour convenance personnelle” n’est pas réservée à l’Israël et est en train d’arriver en France, notamment par le biais de la vitrification ovocytaire autorisée depuis la loi bioéthique de 2011. Il s’agit d’un pas de plus vers des indications de l’AMP davantage sociétales que médicales, consenties par le CCNE ou le CNGOF, afin de prévenir “une infertilité éventuelle, envisager un projet parental tardif ou contribuer à créer une banque de dons d’ovules“.
Or, “qui dit manipulation de gamètes dit tri – inévitable – non seulement des gamètes mais aussi du produit de leur rencontre: l’embryon“, alerte le président de la Fondation Lejeune. Car aujourd’hui, “le processus, la procréation, doit être maîtrisé, et le produit, l’enfant, doit être de qualité“. Ces acharnements procréatiques et sélectifs sont la signature de l’eugénisme. Les “techniciens de la reproduction” doivent sélectionner les donneurs de gamètes pour éviter toutes maladies génétiques, et l’embryon, doit être “normal” avant de naître. Mais au nom de quelle “norme” interroge le président de la Fondation Jérôme Lejeune, qui envisage une façon politique de redresser la situation: il faut “avoir le courage d’observer que la compassion fallacieuse qui conduit à instrumentaliser des enfants – soit en les créant, soit en les dé-créant – pour le confort d’adultes en mal de vivre n’entretient aucun rapport avec l’art médical“.
Le Figaro (Jean-Marie Le Méné) 15/11/2013