Jacques Testart et l’eugénisme : “Tout le monde finira par choisir le même bébé”

Publié le 30 Sep, 2014

Interrogé par le site Usbek & Rica dans une série consacrée à l’avenir du corps et de la beauté, Jacques Testart, expert Gènéthique, s’appuie sur ses observations et expériences pour prédire l’avènement à court et moyen termes d’un “eugénisme démocratique“.  

 

L’enjeu fondamental est celui du tri prénatal. A ses yeux, le “clonage social” est proche. Comment ? Par la mis en place, au niveau mondial, de “critères universels de bonne santé. […] Une sorte de personnage abstrait va s’imposer qu’on peut appeler l’ ‘homme sain’ . Nos enfants seront évidemment conformes à l’image qu’en donnera la médecine”. Pour Jacques Testart, ces critères ne peuvent être qu’acceptés, il ne pourra y avoir qu’une “convergence“, une “uniformisation” à ce niveau là “car les critères de bonne santé physique sont les mêmes partout“. 

 

La conséquence ? “Une perte de diversité génétique qui finira par fragiliser l’être humain“. Pourtant, les gènes ont tous des fonctions, “multiples et souvent encore mystérieuses“. Pour lui, d’ici la fin du siècle, “tous les enfants devraient être choisis dans les éprouvettes” parce que “la sélection génétique sur les embryons semble être dans l’intérêt des parents, des assureurs et de la société toute entière car les handicapés coûtent très cher… On nous dit également que c’est dans l’intérêt des futurs enfants, et là je suis plus sceptique. Parce qu’il y aura toujours des ‘ratés’, des enfants qui ne seront pas parfaits. La seule façon d’éviter ce scénario et d’envisager une autre forme d’humanité, c’est un changement du paradigme politique et d’abord la décroissance économique. Il faut cesser de courir après la performance, la croissance à tout prix et la soi-disant ‘ augmentation ‘ de l’humain que nous promettent les transhumanistes.” 

 

Ainsi, “au final, il n’y a pas de différence entre l’eugénisme démocratique et l’eugénisme autoritaire“.  

 

Mais le problème est à considérer à l’échelle mondiale. Jacques Testart explique qu’il existe deux problèmes qui concourrent à cet avénement : “le tourisme procréatif qui permet à n’importe qui d’avoir un enfant comme il le souhaite à l’étranger“, tourisme qui conduit à un glissement progressif : “les résolutions bioéthiques tendent de plus en plus à s’aligner sur la législation des autres pays“.

 

Note de Gènéthique

Pour approfondir, relire l’entretien croisé entre Jacques Testard et Jean-Marie Le Méné à la Revue des Deux Mondes. 

 

 

usbek-et-rica.fr (Blaise Mao) 30/09/2014 – Gènéthique

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