« Croire que la science a réponse à tout, a raison sur tout, l’ériger en religion sans la critiquer, relève du dogmatisme et très peu de l’esprit scientifique. » Bien sûr il ne s’agit pas de refuser tout progrès technique ou scientifique. Mais pour le biologiste Jacques Testart, « la critique ou la contestation du progrès (…) rencontrent souvent des jugements hostiles et sommaires ». « Cette contestation serait le fait d’esprits obscurantistes qui prôneraient un retour à la chandelle dans la caverne. Or, on ne peut pas assimiler toute critique à un complot ou à de l’ignorance », affirme-t-il.
Face au « caractère élitiste et autoritaire de la communauté scientifique, souvent imbue de ses prérogatives », le citoyen est « légitime » pour juger les institutions et ce qu’elles produisent, estime le scientifique. D’ailleurs « de nombreuses mobilisations et initiatives ont engagé une réaction démocratique, souhaitant un nouveau pacte social pour une science citoyenne, responsable et solidaire », se réjouit-il.
« La noble démarche scientifique pour découvrir et comprendre le monde est très souvent sous-tendue par la volonté utilitaire de maîtriser et de mettre en marché, surtout depuis que la science est devenue technoscience au XXe siècle », souligne Jacques Testart (cf. Faut-il arrêter la recherche scientifique ?). Dès lors, face à « la marchandisation des savoirs et du vivant », il est « absolument légitime et urgent de soumettre la technoscience à un examen critique ». Avec « des procédures » validées afin qu’il revienne aux citoyens de décider « effectivement du bien commun » (cf. 40 ans du 1er bébé éprouvette : entre “puissance prométhéenne des chercheurs”, “ambitions mercantiles des industriels” et “exigences de certaines minorités”).
Source : Largeur, Andrée-Marie Dussault (23/03/2022) – Photo : iStock