Au Royaume-Uni, Heidi Crowter, une jeune femme trisomique de 26 ans, a déposé plainte. Avec deux autres plaignants, elle assigne le secrétaire d’Etat à la santé devant la Haute Cour de Londres. Elle l’attaque au sujet de la loi sur l’avortement de 1967. Le motif évoqué est qu’« autoriser les interruptions de grossesse jusqu’à la naissance si le fœtus est atteint du syndrome de Down est discriminatoire et stigmatise les personnes handicapées » (Cf. IVG en Irlande du Nord : une jeune femme trisomique en appelle aux députés).
La loi de 1967 autorise, en effet, les avortements jusqu’à 24 semaines, en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles. Passé ce délai, l’avortement reste possible jusqu’à la naissance, en cas de risque physique ou mental pour la femme ou en cas d’anomalie grave de l’enfant. La trisomie 21 rentre dans ce cadre (Cf. Royaume-Uni : un projet de loi pour interdire les IVG tardives pour des anomalies mineures). La présente affaire vise donc à modifier cette loi sur l’avortement, afin « d’empêcher les interruptions de grossesse après 24 semaines pour toutes les incapacités non mortelles ».
La plaignante fait valoir que l’avortement des personnes handicapées « est discriminatoire, qu’il porte atteinte au droit au respect de la vie privée énoncé au paragraphe 1 de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), y compris la décision de devenir ou non parent et les droits à la dignité, à l’autonomie et au développement personnel des trois demandeurs ». L’avocat de la plaignante déclare par ailleurs que la loi de 1967 « perpétue et renforce les stéréotypes culturels négatifs au détriment des personnes handicapées » (cf. Les enfants trisomiques « augmentent la souffrance du monde » : les parents indignés par les propos de Richard Dawkins). Ces dernières « continuent de souffrir d’une grave diminution de la perception de la valeur de leur vie, ce qui affecte tous les aspects de leur vie quotidienne ».
Source : The Guardian, Haroon Siddique (06/07/2021) – Photo : iStock