IVG : les risques médicaux encourus par les femmes

Publié le 26 Sep, 2017

A l’occasion du séminaire européen, qui s’est tenu à Bruxelles à la COMECE[1] le 22 juin dernier sur « La prévention de l’avortement en Europe », Cherline Louissaint, avocat, est revenue, études à l’appui, sur les risques médicaux encourus par les femmes qui ont recours à l’IVG.

 

Le recours à l’avortement n’est pas sans risque médical que ce soit au niveau physique ou mental, et ses conséquences ne concernent pas que la femme, mais touchent également les bébés qui naîtront par la suite ou encore le partenaire actuel et/ou futur.

 

A)   Les risques sur la santé physique

 

1)   Les risques à court  terme

 

Le plus grand centre d’avortements au monde, Planned Parenthood fait d’ailleurs lui-même état des risques à court terme qui peuvent se produire suite à un avortement : infections, lésion du col de l’utérus, caillot de sang dans l’utérus, avortement incomplet, etc[2].

 

Il ressort de différentes études, que les infections sont les risques à court terme les plus fréquents et se produisent dans 1 à 5% des cas[3]. Les mineures sont quant à elles, beaucoup plus sujettes aux risques physiques à court terme car elles ne bénéficient pas du pouvoir protecteur produit par la glaire cervicale des femmes plus âgées. Ainsi, l’on observe qu’elles ont deux fois plus de risque de subir des déchirures cervicales durant l’avortement[4].

 

2)    Les risques à long terme

 

– Risque pour les enfants à naître

 

Si les risques qui sont observés, apparaissent tout de suite après l’avortement, certains risques se réalisent bien plus tard, notamment s’agissant des naissances ultérieures. La santé des enfants à naître étant alors en danger. En effet, une femme qui a déjà avorté à un risque augmenté de 37% d’accoucher d’enfants prématurés par la suite[5]. Toutefois, le risque d’accoucher de grands prématurés est quant à lui bien plus élevé, le risque étant augmenté de 64% d’accoucher avant 32 semaines[6].

 

Ce risque est d’autant plus important pour les femmes qui ont subi des avortements répétés, le risque étant augmenté de 93% d’accoucher d’un prématuré[7], et 178% d’accoucher d’un grand prématuré[8].

 

Les femmes qui avortent ont également un risque augmenté de 125% d’accoucher d’un enfant de moins de 1,5 kg[9].

 

– Risque pour la femme

 

Au-delà des risques sur l’enfant à naître, la mère peut être directement atteinte dans sa santé. En effet, bien que les avis ne soient pas unanimes sur le fait que l’avortement ait potentiellement un impact direct sur le cancer du sein, la grande majorité des études sur la question établissent un lien entre avortement et cancer du sein. Ainsi par exemple, l’Institut national du cancer aux Etats Unis fait ressortir que sur une population de femmes qui ont été enceintes au moins une fois, les femmes qui ont déjà subi un avortement, ont un risque plus élevé de 50% de contracter le cancer du sein comparé aux femmes qui ont mené toutes leurs grossesses à leur terme[10].

 

B)   Les risques sur la santé mentale

 

1)  Maladie mentale

 

Les femmes qui avortent ont un risque bien plus élevé de tomber en dépression que les femmes qui ont accouché (plus élevé de 53%)[11], et le risque d’automutilation est plus élevé de 70%[12] chez les femmes qui ont avorté, et ce sur une population de femmes qui n’avaient pas d’antécédents psychiatriques. Le risque de dépression est plus fort chez les mineures où le taux de suicides et d’idées suicidaires est de 50%[13].

 

Les risques de dépendance sont également plus importants s’agissant de la consommation de drogues ou d’alcool avec un risque plus élevé de 142% et 287% par rapport aux femmes qui ont accouché[14].

 

Les hommes ne sont pas épargnés par ce constat, et sont également touchés psychologiquement par l’avortement pratiqué par leur partenaire. Une étude comparative entre homme et femme montre que là où 56,9% des femmes vivent une détresse psychologique avant l’avortement, 40,7 % des hommes subissent la même chose. Les hommes restent marqués également après l’avortement, 30,9% déclarant être dans une forte détresse[15].

 

2)   Risque de suicide

 

Le risque de suicide est aggravé par l’avortement, contrairement à l’accouchement qui le réduit.

 

L’OMS a déclaré qu’en 2000 le taux de suicide est presque aussi élevé que le taux de décès issus d’homicides et de guerres combinés, soit 815 000 suicidés. Le taux de suicide est très présent chez les femmes[16]. La Chine en est un exemple frappant avec 56% des suicidés qui sont des femmes[17].

 

En comparant les suicides suite à un accouchement et suite à un avortement, dans différents pays, l’on constate que l’avortement est un facteur aggravant du risque de suicide. S’il est vrai que des femmes se suicident suite à un accouchement, l’accouchement a plutôt un effet positif sur la femme. Ainsi on peut voir que les tentatives de suicides augmentent après un avortement (5 sur 1000 femmes, contre 8,1 sur 1000 femmes après)[18], alors que le taux de tentatives de suicide diminue après l’accouchement, on passe de 2,9 à 1,9 tentatives de suicide suite à l’accouchement[19]. Indépendamment du moment où l’on se situe le taux de tentatives de suicides concernant l’accouchement n’est que de 4,8 sur 1000 accouchement, alors qu’il est de 13,1 sur 1000 avortements[20].

 

C)   Risque sur la relation de couple

 

L’impact sur la relation de couple s’en fait sentir également car de nombreux dysfonctionnements sexuels sont à dénombrer suite à un avortement. Jusqu’à 31% des femmes ayant avorté expérimentent différents dysfonctionnements sexuels pouvant durer jusqu’à un an après l’avortement ; souvent lié à l’anxiété et à la dépression qui suit l’avortement[21]. Dans les semaines qui suivent l’avortement, des dysfonctionnements ont également été observés chez 18% des partenaires[22].

 

De même, le couple pâtit. Les hommes comme les femmes ayant vécu l’avortement, ont dû mal à se remettre dans une relation stable et ont des rapports sexuels impersonnels. De même, des disputes et des séparations sont directement liées à l’avortement. Il ressort d’une étude que près de 50% des femmes rapportaient que l’avortement avait été une cause de crise majeure dans le couple et 50% rapportent que la relation avec leur partenaire a été altérée significativement suite à l’avortement[23]. 22% des relations prennent fin suite à un avortement[24].

 

D)   Les risques de décès

 

Le recours à l’avortement peut aller jusqu’à causer le décès de la femme, comme le rapporte le laboratoire producteur de la pilule abortive qui a comptabilisé 2207 incidents[25] depuis son utilisation dont 14 décès[26].

 

1)   Mortalité maternelle

 

Tout d’abord, la mortalité maternelle est une cause de décès importante. Elle se définit comme un décès qui se produit pour une cause quelconque qui n’est ni accidentelle, ni fortuite, au cours de la grossesse ou 42 jours après sa terminaison.

 

Il est couramment considéré que la mortalité maternelle est plus forte dans les pays qui ont une législation restrictive concernant l’avortement, car cela aurait pour conséquence de pratiquer des avortements dans des conditions dangereuses du fait de son illégalité. Pourtant, à niveau de développement équivalent, l’on observe que la mortalité maternelle reste moins élevée dans les pays qui limitent fortement l’avortement.

 

Ainsi, on peut citer en Europe l’exemple de Malte[27] et de l’Italie[28] où le taux de mortalité maternelle est respectivement de 3 et 4 sur 100 000. En France et en Belgique, le taux est de 9 et 6 respectivement[29].

 

L’exemple du Chili[30] est particulièrement significatif avec une loi, votée en 1989[31], restrictive face à l’avortement. Pour autant, à compter de cette même date, non seulement le taux n’a pas augmenté, mais il a diminué de moitié. Il est passé de 41,3 à 22 décès sur 100 000 en 2013. A l’inverse, le  taux aux Etats-Unis est de 44 décès sur 100 000 naissances en 2013[32].

 

2)   Autres causes de décès

 

Si le fait d’être enceinte suppose à lui seul d’augmenter les risques de décès, dans la première année, les risques sont augmentés de 80% pour les femmes qui ont choisi d’interrompre leur grossesse, en comparaison des femmes qui ont choisi de mener leur grossesse à leur terme[33]. Ce risque est d’autant plus important que l’avortement intervient tardivement. Ainsi, comme il ressort d’une étude, une femme qui avorte dans les 20 semaines, a 35 fois plus de risques de mourir suite à l’avortement. Ce risque atteint 91 fois pour les femmes qui avortent après 21 semaines[34].

 

Lorsque l’on met en évidence différentes causes de décès, pour chacune d’elle, on en tire les mêmes conclusions : les femmes qui avortent ont plus de risque de décéder. Il en est ainsi pour la mort de cause naturelle (60% de plus de risques)[35], causé par le sida (2 fois plus contaminées)[36], maladies cardiovasculaires et mentales (3 fois plus de risques)[37]. Il est à noter que les dépressions qui sont plus souvent développées suite à un avortement qu’à un accouchement, sont un facteur de décès pour cause de maladies cardiaques et de développement de plusieurs types de cancer.

 

Par ailleurs, on observe que les femmes qui ont avorté sont plus susceptibles de mourir d’un accident mortel ou des suites de violences physiques. Une femme ayant un nouveau-né est beaucoup plus prudente. Elle évite les risques, ceux-ci étant 4 fois plus important pour les femmes qui avortent comparé aux femmes qui ont accouché[38]. De même, une femme qui a avorté a tendance à devenir auto destructrice suite à l’avortement et à moins rechercher à éviter les confrontations, elles ont 4 fois plus de risque que le reste de la population, de mourir d’un homicide[39].

 

 

[1] La Commission des Episcopats de la Communauté européenne.

[2] Planned Parenthood, In-Clinic Abortion procedures. Disponible à l’adresse suivante : http://www.plannedparenthood.org/learn/abortion/in-clinic-abortion-procedures

[3] J.M. Thorp, « Public Health Impact of Legal Termination of Pregnancy in the U.S. : 40 Years Later », Scientifica, 2012.

[4] K.F. Schultz et al., « Measures to prevent cervical injury during suction curettage abortion », Lancet 1, Vol.321, n°8335, 1993, p.1182 ; R.T. Burkman et al., “Morbidity risk among young adolescents undergoing elective abortion”, Contraception, Vol.30, n°2, 1984, p.99. Cité dans le rapport Women’s protection project, American United for Life, Washington D.C., 2013.

[5] P.Shah et al., Induced termination of pregnancy and low birth weight and preterm birth: a systematic review and meta-analysis”, An International Journal of Obstetrics and Gynaecology, Vol.116, n°11, 2009, p.1425-1442. Une autre étude conclut à un risque de 20% suite à un premier avortement et de 90% suite à au moins deux avortements (R.H.F. van Oppenraaij et al., « Predicting adverse obstetric outcome after early pregnancy events and complications : a review », Human Reproductin Update, Vol. 15, n°4, March 7, 2009, p.409-421).

[6] H.M. Swingle et al., “Abortion and the Risk of Subsequent Birth : A Systematic Review and Meta-Analysis”, The Journal of Reproductive Medecine, Vol. 54, n°2, 2009, p.95-102; Une autre étude démontre qu’une femme qui a subi un avortement a un risque augmenté de 50% d’accoucher avant 33 semaines et de 70% d’accoucher avant 28 semaines (J.M. Thorp et al., op. cit. supra).

[7] P.Shah et al., op. cit. supra).

[8] R. Klemetti et al., « Birth outcomes after induced abortion: A nationwide register-based study of first births in Finland », Human Reproduction, 2012. Le risque d’accoucher avant 37 semaines augmente de 35% lorsque la femme a subi plus de trois avortements. Par ailleurs, une autre étude démontre qu’une femme double son risque d’accoucher prématurément lorsqu’elle a subi deux avortements ; ce risque augmente de 800% lorsque la femme a subi au moins 4 avortements (B. Rooney & B.C. Calhoun, « Induced Abortion and Risk of Later Premature Births », Journal of American Physicians and Surgeon, Vol. 8, n°2, 2003, p.46.

[9] Ibid.

[10] JR. Daling et al., « Risk of Breast Cancer Among Young Women: Relationship to Induced Abortion », J. Natl Cancer Inst., Vol.86, n°21, 1994, 1584-92.

[11] PK. Coleman, « Abortion and Mental health: quantitative synthesis and analysis of research published 1995-2009”, The British Journal of Psychiatry, Vol.199, n°3, 2011, p.180-186.

[12] A.C. Gilchrist, P.C Hannaford, P. Frank, C.R Kay, “Termination of pregnancy and psychiatric morbidity”, Brit. J. Psychiatry, Vol. 47, n°1, 2006, p.16-24.

[13] DM. Fergusson, J. Horwood, EM Ridder, « Abortion in young women and subsequent mental health », J.Child Psychol. Psychiatry, Vol.47, n°1, 2006, p.16-24

[14] PK. Coleman, art. cit. supra ; NP. Mota, M. Burnett and J. Sareen, « Associations between abortion, mental disorders, and suicidal behaviour in a nationally representative sample” The Canadian Journal of Psychiatry, Vol.55, n°4, 2010, p.239-47: risque augmenté de 110% s’agissant d’abus d’alcool.

[15] P. Lauzon, D. Roger-Achim, A. Achim, R. Boyer, “Emotional distress among couples involved in first trimester abortions”, Can. Fam. Physician, Vol. 46, 2000, p. 2033-2040

[16] Organisation Mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la violence et la santé, Genève, 2002, tableau 1.2, p. 10.

[17] DC. Reardon, « Suicide rates in China », The Lancet, Vol. 359, 2002, p.2274.

[18] C. Morgan, M. Evans, JR. Peter, “Mental health may deteriorate as a direct effect of induced abortion”, British Medical Journal, Vol. 314, 1997, p. 902.

[19] Ibid

[20] Ibid

[21] F. Bianchi-Demicelli, E. Perrin, F. Ludick, PG. Bianchi, D. Chatton, A. Campana, « Termination of pregnancy and women’s sexuality », Gynecol. Obstet. Invest., Vol. 53, 2002, p.48-53; dans une étude menée sur un groupe de femmes russes et américaines, respectivement 6,2% et 24% de ces femmes rapportent avoir eu des dysfonctionnements sexuels directement liés à un avortement antérieur (VM. Rue et al., « Induced abortion and traumatic stress […] »)

[22] P.K. Coleman, V.M. Rue and C.T. Coyle, “Induced abortion and intimate relationship quality in the Chicago”, Health and Social Life Survey, 2009, p.1-8.

[23] DH. Sherman, N. Mandelman, TD. Kerenyi, J. Scher, “The abortion experience in private practice” in Women and loss: psychobiological perspectives, ed William F. Finn, et al., The Foundation of Thanatology Series, Vol. 3, New York, Praeger Publications, 1985, p. 98-107.

[24] W. Barnett, N. Freudenberg and R. Wille, “Partnership after induced abortion: a prospective controlled study, Arch. Sex. Behav., Vol. 21, n°5, 1992, p. 443-455.

[25] Mifeprex Final Printed Labeling (FPL), 2005, disponible à l’adresse suivante : www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2005/020687s013lbl.pdf

[26] Mifepristone

[27] World Health Organisation, World health statistics 2015, p.66 disponible à l’adresse suivante : http://www.who.int/gho/publications/world_health_statistics/2015/en/

[28] Ibid, p.62

[29] Ibid, p. 58 et 62.

[30] Ibid

[31] Ibid, p.58.

[32] L.A. Bartlett et al., Risk Factors for Legal Induced Abortion – Related Mortality in the United States”, Obstetrics & Gynecology, 1, Vol. 103, n°4, 2004, p.729, 731.

[33] D.C. Reardon and P.K. Coleman, “Short and long term mortality rates associated with first pregnancy outcome: Population register based study for Denmark 1980-2004”, Med Sci Monit, Vol. 18, n°9, 2012.

[34] L.A. Bartlett et al., « Risk Factors for Legal Induced Abortion – Related Mortality in the United States », Obstetrics & Gynecology, 1, Vol. 103, n°4, 2004, p. 729, 731.

[35] M. Gissler et al., “Pregnancy-Associated Deaths in Finland 1987-1994 – Definition Problems and Benefits of Record Linkage”, Acta Obstetricia et Gynecologica scandinavica, Vol. 76, n°7, 1997 cité dans art. Cit. supra: Reardon et al., “Deaths associated with abortion[…]”.

[36] DC. Reardon, PG. Ney, F. Scheuren, J. Cougle, P.K. Coleman and T.W. Strahan, “Deaths Associated with Pregnancy Outcome: A Record Linkage Study of Low Income Women”, Southern Medical Journal, Vol. 95, n°8, 2002, p. 834-841.

[37] Ibid

[38] DC. Reardon, T.W. Strahan, J.M. Thorp, M.W. Shuping, “Deaths associated with abortion compared to childbirth – a review of new and old data and the medial and legal implications”, The Journal of Contemporary Health Law and Policy, Vol. 20, n°2, 2004, p. 279-327.

[39] Ibid

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