« Je l’ai vécu comme un viol » témoigne Marie [1] qui a subi un avortement à l’âge de 22 ans. Aujourd’hui elle en a 57. Fabienne qui a une trentaine d’années raconte de son côté : « Je me suis sentie mourir. Puis j’ai sombré dans la dépression avec des idées suicidaires. »
Marie Sentis de l’association d’écoute IVG, vous hésitez ? Venez en parler ! précise : « Chez certaines femmes, la souffrance est immédiate, chez d’autres, elle se révèle au bout de cinq, dix, voire vingt ans ». « L’avortement, quelque part, c’est parfois la raison qui a gagné contre l’amour, car il y a plein de raisons qui y poussent, analyse-t-elle (cf. Avortement : une « norme procréative » « s’est imposée ces dernières décennies »). Mais par contre, il reste les émotions, le cœur et le psychisme en peine… »
Des femmes sous pression
« Mon compagnon était opposé à l’idée de garder l’enfant, alors je suis allée au planning familial pour des conseils. Là-bas, on m’a dissuadée de le garder en me disant que je n’avais pas les moyens de l’élever, que tout serait compliqué, et je n’ai pas résisté », poursuit Fabienne.
« Pour la moindre opération chirurgicale, on nous prévient des risques et des effets secondaires possibles, pas pour l’avortement », relève Delphine qui ne regrette pas sa décision. « J’aurais aimé qu’on me prévienne que ça pouvait avoir des répercussions psychologiques », explique-elle. « Il y a un vrai décalage entre ce qu’on nous dit et le réel vécu », abonde Marie.
Des soignants indifférents ?
« Nous recevons nombre de témoignages dans lesquelles des femmes nous disent : “Ma sage-femme/mon médecin m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution que d’avorter” », indique Marie Sentis. D’autres témoignent « d’une forme d’indifférence à leur égard » : « On ne m’a rien demandé », déplorent-elles. « Comme si le seul fait de poser une question était suspect en soi. » Quand Véronique s’est rendue à l’hôpital et a expliqué que « ce n’était pas [sa] volonté première mais qu’[elle] le faisai[t] quand même », « à aucun moment » on ne lui proposé une alternative, regrette-t-elle.
« Nous sommes là pour écouter ces femmes, accueillir leurs douleurs ou leurs interrogations », souligne Marie Sentis qui s’offusque : « On est loin du délit d’entrave ! » D’autant plus que « les femmes qui sont décidées à avorter ne nous contactent pas », pointe-t-elle.
[1] Les prénoms ont été modifiés
Sources : La Croix, Caroline Roux (17/01/2025) ; Valeurs actuelles, Anne-Laure Debaecker (19/01/2025) ; JDD, Elisabeth Caillemer (20/01/2025) – Photo : iStock