« Ton père n’est pas ton père » lui avait lâché une cousine quand elle était petite. C’est à 32 ans que Sophie a compris cette confidence. Car malgré « une vie heureuse (deux enfants, un mari aimant, une jolie maison, un boulot stable) », Sophie « sent un immense vide au fond d’elle ». Trois séances de psychanalyse plus tard, la confidence de sa cousine lui revient, et sa mère lui avoue que, effectivement, elle a été conçue par PMA, via un don de sperme.
« Pendant quinze jours, j’ai pleuré tous les soirs. Cela a été un choc. Tout le monde me disait, depuis que j’étais enfant, que j’étais le portrait tout craché de mon père. J’ai décidé de lui parler. (…) Et c’est lui qui m’a fait de la peine. J’ai compris pourquoi il paraissait dépressif depuis des années. Sa virilité en avait pris un coup. »
A la recherche de son « donneur »
Sophie décide alors de partir à la recherche de ce donneur de sperme. « Il représente 50 % de mon patrimoine génétique et j’en ignore tout. Quand j’ai une visite médicale, je ne le cache pas d’ailleurs. Je ne connais pas nos antécédents familiaux. » A l’aide de tests ADN américains, elle tente de se reconstituer un arbre généalogique, « cela devient presque une drogue », confie-t-elle. A défaut de père, le site MyHeritage lui trouve une demi-sœur de 23 ans, avec qui « les points communs sont légion », mais qui ne sait pas non plus qui est son père génétique.
Quant à la mère de Sophie, elle ne souhaite pas participer aux recherches de sa fille. Elle « refuse net » de lui rédiger le document de confirmation permettant l’accès à son dossier du Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain) du Kremlin-Bicêtre.
Pour aller plus loin :
- Don de sperme : « Les enfants sont les seuls à ne pas pouvoir accéder à la vérité biologique »
- Enquête sur le don de sperme sauvage en France
- Une néerlandaise retrouve son père, l’anonymat du don de sperme en question
Source : Le Journal du Centre, Géraldine Phulpin (02/09/2020)