[Interview] Laurent Alexandre: les dirigeants de Google “veulent changer le monde et l’humanité”

Publié le 30 Juil, 2014

Google affiche un intérêt grandissant pour la biologie, la génétique ou encore la médecine (Cf Synthèses de presse Gènéthique du 09/06/2008, 04/10/2013, 13/06/2014,29/07/2014). Laurent Alexandre, chirurgien-urologue et président de DNAVision décrypte cette stratégie dans une interview accordée à capital.fr. 

 

Premier constat, l’ambition des dirigeants de Google est la suivante: “changer le monde et l’humanité“. Pour se spécialiser dans le domaine des NBIC (nano-biotechnologies, intelligence artificielle et sciences du cerveau), la société est même allée jusqu’à “débauch[er] de hauts responsables de grands laboratoires, notamment chez Roche, et des spécialistes du vieillissement“. Enfin, précise L. Alexandre, leur programme d’intelligence artificielle a été confié au chef de file du courant transhumaniste, Ray Kurzweil. Pourquoi le transhumanisme ? Parce que la définition de cette “idéologie” est la suivante : “utiliser toutes les NBIC pour tuer la mort et augmenter les capacités intellectuelles de l’homme, puis d’interfacer notre cerveau avec l’intelligence artificielle“. 

 

Mais comment Google compte-il allonger l’espérance de vie ? Aucune stratégie n’a été dévoilée. Mais les récents travaux de chercheurs de Harvard sur des animaux pourraient être utilisés : ces derniers ont procédé à une transfusion “du sang de jeunes souris dans l’organisme de souris plus âgées” et “sont ainsi parvenus à refabriquer des neurones  dans le cerveau de ces dernières, à réactiver les cellules souches et à rajeunir le fonctionnement cellulaire“. D’après L. Alexandre cela “sera beaucoup plus complexe à réaliser sur les êtres humains. Mais la nouveauté est que cela paraît possible“. Et le président de DNAVision d’ajouter: “L’inversion du vieillissement permettra parallèlement de lutter contre les maladies qui lui sont directement liées, comme Parkinson. Le premier homme qui vivra mille ans est déjà né.”

 

A la question du journaliste, “devrons-nous vivre en connexion avec des machines ?“, L. Alexandre répond par l’affirmative : “Fabriquer de nouveaux neurones dans une boîte crânienne limitée imposera peut-être d’effacer certains souvenirs. D’où l’idée de Google de télécharger le cerveau sur des circuits intégrés et de l’interfacer avec l’intelligence artificielle.” Et selon Ray Kurzweil, l’intelligence artificielle pourrait dépasser l’intelligence humaine en 2029 et “en 2045 elle sera 1 milliard de fois plus puissante que les 8 milliards de cerveaux humain réunis“. Pour affronter cela, précise L. Alexandre, “l’homme sera sans doute tenté d’accroître ses propres capacités. Il va y avoir un combat entre le silicium et le neurone.

 

Actuellement, le physicien britannique Stephen Hawking et Bill Gates, fondateur de Microsoft “s’inquiètent du développement de l’intelligence artificielle“. Avant d’ajouter que “même le fondateur de DeepMind, la filiale de Google, a admis qu’elle pourrait un jour décider de nous exterminer“. En conclusion, L. Alexandre estime qu’il ne faut peut être pas stopper Google maintenant. Mais, précise-t-il, “si demain cette société devient le leader mondial de la robotique, de l’informatique, de l’intelligence artificielle et de la lutte contre la mort, elle aura alors un pouvoir considérable. Il serait alors logique de la démanteler, quel que soit son talent.”

 Capital.fr (Gille Tanguy) 30/07/2014

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