Interview de Catherine Dolto : ” La GPA ne peut pas être sans trace “

Publié le 24 Août, 2014

Dans une interview accordée au site letelagramme.fr, Catherine Dolto, pédiatre et spécialiste de la relation mère-fœtus, attire l’attention sur l’importance de la réflexion autour de l’enfant issu d’une mère porteuse et les conséquences d’une telle pratique, sur lui, dès le développement prénatal. 

Pour alerter sur les conséquences néfastes de la GPA sur le fœtus, Catherine Dolto s’appuie sur ” ses 30 ans d’expérience clinique en tant qu’ haptothérapeute “*. Elle se dit ” très surprise ” par le fait que dans ce débat, ” personne ne se pose la question du vécu de l’enfant. La GPA ne peut pas être sans trace, non seulement pour l’enfant mais aussi pour sa descendance “. ” Comment un enfant se construit-il dans le ventre d’une mère qui doit, au terme d’un contrat, s’en séparer ? “, interroge-t-elle. Car ” qu’on le veuille ou non, [alerte-t-elle], cet enfant est en lien permanent avec elle “. Le fœtus ” est beaucoup plus poreux qu’on le croit au monde extérieur. Cela laisse des traces très profondes “.

La mère porteuse est la ” planète d’origine ” du bébé. Avec cette pratique, la relation mère-enfant s’arrête brusquement. On ” oblige ” le bébé ” à faire un saut héroïque dans le vide, quand arrive la réalisation de ce contrat, la livraison de cet enfant “. La naissance est ” un énorme choc. Le nouveau-né doit en plus composer avec une nette rupture de continuité entre la vie prénatale, la naissance et ses premiers jours. Les grandes personnes croient qu’il suffit qu’elles aient un sentiment d’amour ou d’envie de l’avoir pour rendre heureux un enfant, alors que lui traverse une détresse, au moment de la naissance. “

Pour Catherine Dolto, ” on est dans un moment très grave pour l’espèce humaine. Autoriser la GPA, c’est probablement faire un grand pas vers la barbarie. ” La crainte à avoir ? ” Qu’un enfant qui découvre qu’il est né de GPA perde le respect pour lui-même et pour les adultes à l’origine de cette transaction et que cela déclenche en lui une très grande violence (…). Quel sera le coût humain et social d’une telle pratique ? “.

Avec la GPA, l’enfant, ” devient l’aboutissement de la société de consommation, la boucle finale de cette société marchande “. La première chose que l’on regarde aujourd’hui, c’est ” la jouissance des grandes personnes. Nous sommes dans une société ou la frustration est insupportable et où tout désir doit être respecté. “

L’article du Télégramme a joint à l’interview de Catherine Dolto un de ces écrits « Nous ne sommes pas des mammifères comme les autres, réflexions sur la gestation pour autrui “, consultable ici.

* Haptothérapeute : ” personne qui accompagne les grossesses en organisant la rencontre entre les parents et l’enfant avant la naissance “

Le télégramme (Stéphane Jézéquel) 25/08/2014

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