En Inde, des employées pauvres subissent des ablations d’utérus forcées.
Pendant la moisson, les coupeuses de canne à sucre de la région de Beed, en Inde, « commencent leur journée entre 2 heures et 4 heures du matin », pour gagner « 30 000 à 35 000 roupies »[1] sur la saison complète. Ce sont les employeurs qui exigent qu’elles se fassent enlever l’utérus, « dans le but que leurs ouvrières n’aient plus leurs règles et puissent ainsi travailler sans discontinuité ». Les professionnels de santé sont souvent complices, « les médecins instrumentalisent la peur du cancer du col de l’utérus pour arriver à leurs fins ».
Cette « nouvelle effrayante », révélée par l’ONG Tathapi, a fait l’objet de deux enquêtes gouvernementales en 2018. Celles-ci ont montré que dans le district de Beed, 36 % des Indiennes travaillant aux champs avaient subi une ablation d’utérus, contre 3,2 % dans le reste du pays. 4500 hystérectomies ont été réalisées dans cette zone rurale en à peine trois ans, 85 % d’entre elles ayant été réalisées dans des cliniques privées, qui ne comptent pas toutes des gynécologues dans leurs équipes.
D’après ces victimes d’hystérectomie abusive, l’intervention forcée leur a coûté « entre 20 000 et 40 000 roupies »[2], et n’était couverte par aucune assurance-maladie. Un véritable « scandale sanitaire » pour ces Indiennes pauvres « qui subissaient déjà des discriminations en termes de salaire, de conditions de travail et de harcèlement sexuel ».
Courrier International (18/06/2019) – Violences faites aux femmes. En Inde, des ablations de l’utérus forcées