Hwang Woo-suk : la descente aux enfers

Publié le 26 Déc, 2005

La fraude scientifique du Pr Hwang (cf revue de presse du 23/12/05) remet en cause les espoirs que certains avaient mis dans la médecine régénérative basée sur le clonage humain.

 La chute du scientifique coréen va aussi entraîner une suspicion sur la recherche en biotechnologie en Asie, peu regardante en matière d’éthique et sur les revues scientifiques qui ont publié ses faux résultats. Enfin, elle met en cause la pression exercée sur les chercheurs pour produire des résultats spectaculaires. Jusqu’aux premières révélations il y a quelques semaines, le Pr Hwang bénéficiait de crédits considérables pour ces recherches (40 millions de dollars depuis 2002).

Pour le professeur Axel Kahn "c’est un séisme politique, parce que les pays du monde entier, sur la foi des résultats de Hwang s’apprêtent à voter des lois sur le clonage ou les cellules souches" explique-t-il.  Il explique que le "clonage est un univers de déraison totale". "L’une des caractéristiques de ce champ de recherche, c’est qu’il rend fou tous les gens qui le touchent. Le clonage c’est le triangle des Bermudes de la rationalité scientifique" ajoute-t-il. "Depuis le début, tous les fantasmes, les illusions, les lobbys se mélangent avec les démarches proprement scientifiques".

Pour Alain Claeys, député de la Vienne, qui rédige actuellement un rapport sur les cellules souches embryonnaires "il faut réfléchir aux conditions de validation des articles scientifiques, s’interroger au plan éthique sur le recours à des ovocytes pour le clonage thérapeutique, se pencher sur les intérêts économiques de ces recherches".

La Chine et la Corée s’étaient lancées dans la recherche sur le clonage thérapeutique, du fait du vide laissé par les pays occidentaux qui l’ont majoritairement interdit pour des raisons éthiques. "Quand on parle à certains collègues asiatiques de règles éthiques, ils ne comprennent même pas qu’il s’agisse d’un problème" souligne ainsi le professeur Michel Pucéat (Inserm, Montpellier).

En Corée, l’indignation et l’incompréhension dominent. Les Coréens ont le sentiment d’avoir été trompés ou trahis : "le vrai problème, ce n’est pas la chute d’un scientifique, c’est que le scandale a détruit une opportunité pour l’avenir de la recherche et des technologies de notre nation, et ne peut que décourager les espoirs des gens malades et paralysés" explique un coréen sur un site Internet.

Le Figaro (Martine Perez) 24/12/05 – Libération (Julie Lasterade – Michel Temman – Sylvestre Huet) 24/12/05 – Le Monde (Jean-Yves Nau) 26/12/05

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