Le Figaro publie un dossier sur les progrès techniques notables effectués dans le domaine des greffes d’organes. En 2010, 4705 greffes d’organes ont été réalisées et plus de 14 400 personnes auraient eu besoin d’une greffe. Le Dr. Alain Atinault, directeur de la direction opérationnelle du prélèvement et de la greffe à l’Agence de la biomédecine, explique que le "don d’organes n’est possible que dans les cas de décès bien particuliers, car il ne faut pas que les organes aient souffert". Ainsi, le prélèvement est souvent effectué sur des défunts en état de mort encéphalique mais ils constituent moins de 1% des décès à l’hôpital. Des alternatives se développent comme le prélèvement sur des donneurs décédés après arrêt cardiaque (Cf. Synthèse de presse du 24/03/10) ou à partir de donneurs vivants. Pour ceux qui ne veulent pas donner leurs organes après leur mort, un registre national de refus existe. Il arrive que les proches d’un défunt refuse tout prélèvement faute de connaître la volonté de ce dernier ou par ignorance de la façon dont se déroule le prélèvement.
Aujourd’hui, tout est mis en oeuvre pour optimiser le recueil des précieux greffons. Plusieurs pistes sont évoquées. D’abord, celle de prélever tous les organes sur un donneur, et pas uniquement son rein et son foie. Le Dr. Atinault précise que "l’âge du donneur n’est pas un frein" contrairement aux idées reçues. "C’est vraiment l’état des organes qui compte". Une deuxième piste consiste dans une meilleure préservation des greffons prélevés. Le Dr. Corinne Antoine, spécialisé dans la greffe de reins à l’hôpital Saint-Louis, explique qu’ "à la mort d’un donneur, ses organes subissent de nombreuses altérations […] Or le transport classique – à 4°C dans un liquide de conservation – augmente les risques de séquelles". Toutefois des "machines capables de maintenir l’organe dans des conditions aussi physiologiques que possible sont actuellement en cours d’évaluation" : elles permettent de s’assurer que les organes sont bien fonctionnels. Dans les années qui viennent, ces machines pourraient éventuellement traiter certaines altérations d’un organe qui ne pourrait être greffé tel quel. Une troisième piste est de préserver au maximum le greffon pendant et après l’intervention chirurgicale. La greffe pulmonaire a par exemple "largement bénéficié de l’oxygénation extracorporelle (ECMO), ces dernières années. Contrairement à la circulation extracorporelle (CEC) […] cette technique de suppléance des fonctions pulmonaires est beaucoup mieux tolérée. Utilisée pendant et après l’intervention, l’ECMO permet au nouveau poumon greffé de récupérer plus vite et cela se traduit concrètement par un meilleur taux de survie à un an" indique le Dr. Stern. La dernière piste consiste à trouver de nouveaux immunosuppresseurs moins toxiques pour les patients greffés. Les traitements visant à empêcher le rejet de l’organe greffé sont toxiques pour les reins en plus d’augmenter "les risques d’infections et de cancers, car ils agissent sur l’ensemble du système immunitaire et pas seulement sur les cellules qui reconnaissent le greffon comme un corps étranger". Des progrès sont déjà là et dans les années à venir des avancées permettront de cibler mieux l’action des immunosuppresseurs.
Le Figaro (Dr. Szapiro-Manoukian) 07/02/11