Après l’annonce de l’accouchement, pour la première fois au monde, d’une femme après une greffe d’utérus (Cf. Synthèse Gènéthique du 6 octobre 2014), le professeur René Friedman, gynécologue obstétricien et pionnier en matière de PMA, revient sur les conditions de transplantation dans une interview accordée au magazine Paris-Match.
Il précise qu’une femme sur 5000 née sans cet organe, ainsi que des femmes dont l’utérus aurait été enlevé ou serait dysfonctionnel, seraient susceptibles d’être concernées par la greffe d’utérus.
Du côté des donneuses, trois types de femmes pourraient faire un don d’organes : des femmes décédées, des femmes vivantes susceptibles de faire un don d’organe familial ou apparenté aux conditions requises par la loi, enfin des femmes entant dans un protocole de transsexualité.
La transplantation est difficile tant du côté de la donneuse que de celui de la femme greffée : « Enlever un utérus, pour pouvoir ensuite le greffer, est un acte chirurgical plus délicat qu’une hystérectomie », précise le professeur Frydman, mais le seul risque évoqué, lié au traitement antirejet, serait celui, après implantation de l’embryon dans l’utérus greffé, d’un accouchement prématuré. Lors de la grossesse, « on craint que la transplantation d’un organe d’un certain âge favorise une hypertension artérielle, une complication rénale (toxémie gravidique) ».
Une seconde naissance serait envisageable « si l’utérus est resté en bon état » mais le greffon devra être retiré dès la fin du projet parental.
A la question éthique liée à ces greffes, le professeur répond que « sur le plan psychologique, cela mérité une réflexion Je ne vois pas ce qu’il y a d’éthiquement illicite à partir du moment où les femmes acceptent sans pression et que leur choix est éclairé, situation identique au don d’organe à partir de donneur vivant. » Le Comité consultatif national d’éthique a programmé un débat sur ce sujet.
Paris Match (Sabine de la Brosse) 28/10/2014