Le CHU de Rennes utilise une nouvelle technologie de conservation des foies en attente de transplantation hépatique. Conservable plusieurs heures, le greffon peut désormais être transplanté à un horaire choisi par les chirurgiens, évitant ainsi les délicates opérations nocturnes.
La technique traditionnellement utilisée est l’ischémie froide (4 à 8°C) : le greffon est perfusé « à l’aide d’un liquide permettant de ralentir les dommages causés par la privation d’oxygène ». Depuis quelques années, la perfusion hypothermique (8°C) oxygénée (Hope pour hypothermic oxygenated perfusion) tend à supplanter l’ischémie froide. Elle « ne permet pas d’étendre le temps de conservation de l’organe » mais améliore quand même « la qualité du greffon grâce au maintien d’un apport d’oxygène pour l’activité métabolique résiduelle ». Désormais, le CHU de Rennes a recours à la perfusion oxygénée normothermique (Nope pour normothermic oxygenated machine perfusion) : « l’organe n’est plus conservé de manière statique et au ‘froid’, il est perfusé dans les conditions de la vie, c’est-à-dire à 37°C avec du sang, de l’oxygène et des nutriments ». Ainsi « ressuscité » sur une machine comme s’il était réimplanté dans un corps, il peut donc être « conservé sans souffrance et de manière prolongée pendant 10 à 24 heures ».
Chaque année, le CHU de Rennes pratique entre 20 et 25 transplantations hépatiques en pleine nuit, 20% des greffes de foie. « Lorsque le prélèvement intervient dans l’après-midi avant 18 heures, l’implantation (dont la durée moyenne est de 6 heures) est effectuée entre 22 heures et 8 heures soit aux heures où l’hôpital fonctionne sur le mode restreint de la permanence des soins ». La perfusion oxygénée normothermique « change la donne » en permettant de programmer l’opération le lendemain matin.
Source : Hospimedia, Thomas Quéguiner (13/04/2021) – Photo : Pixabay\DR