Depuis près d’une semaine, un couple s’oppose à l’équipe soignante du CHU de Poitiers qui s’occupe de son fils né presque quatre mois avant terme. Il réclame l’arrêt du maintien en vie du bébé.
Sur France info, la maman a déclaré : “Les médecins ne peuvent nous assurer de sa survie. On nous dit qu’il ne souffre pas mais il pleure et il s’agite“. Elle ajoute : “les médecins savent que les séquelles seront irréversibles et engendreront un handicap moyen ou lourd mais ils n’en connaissent pas la nature. […] Certaines familles sont prêtes à l’accepter mais on ne veut pas de handicap pour notre fils“.
Pour les parents, “les médecins, qui ne leur ont pas demandé leur avis pour réanimer l’enfant à sa naissance, pratiquent un acharnement thérapeutique“. L’équipe soignante se défend en affirmant avoir respecté les procédures et Roger Gil, responsable éthique du CHU de Poitiers de préciser : “le pronostic des grands prématurés est difficile, nous ne disposons que d’un outil statistique” . A la suite de la demande des parents d’arrêter les soins, les médecins ont demandé l’avis d’un collège éthique.
Note de Gènéthique :
Laurence Henry, infirmière anesthésiste, régulièrement confronté aux enjeux que soulève la réanimation néonatale a écrit un ouvrage intitulé “On ne peut imposer ça à personne“. Elle y précise qu’aujourd’hui, 50% des nouveau-nés qui meurent à la suite d’une réanimation néonatale sont en réalité euthanasiés. Pour Laurence Henry, si la technique a permis de diminuer la mortalité infantile, il ne faut pas pour autant y avoir recours “dans une logique de performance” derrière laquelle peut se cacher la “volonté de tout maîtriser y compris le moment précis de la mort si la réanimation excessive provoque trop de lésions“. La proportionnalité est donc de mise, précise l’infirmière anesthésiste.
Une interview complète de Laurence Henry réalisée en octobre 2013 par Gènétique est disponible en cliquant ici.
Lefigaro.fr 16/09/2014 – Gènéthique