La Déclaration de Casablanca pour l’abolition universelle de la gestation par autrui (GPA) organise une 3e conférence internationale à Lima, au Pérou, les 4 et 5 juin prochains. L’événement est organisé par l’Université de Piura et la Déclaration de Casablanca elle-même, et se concentrera sur « la femme latino-américaine dans le contexte du marché mondial de GPA » (cf. « La GPA est un marché mondial qu’il faut abolir internationalement »).
Un marché en pleine expansion
Le marché global de la GPA est en pleine expansion dans la région et représente une menace réelle pour les femmes et les enfants latino-américains (cf. GPA : un bébé prématuré abandonné par une Française en Argentine). Comme le souligne ce groupe international d’experts, ce marché mondial, assimilable à un trafic de personnes et qui atteindra 129 milliards de dollars en 2032 selon Global Market Insights, nécessite une « réponse urgente et coordonnée de la communauté internationale » afin d’élaborer un traité pour abolir cette pratique (cf. Afrique : des ONG s’engagent à promouvoir la Déclaration de Casablanca pour l’abolition de la GPA).
Après les conférences en Afrique en 2023 (Casablanca, Maroc) et en Europe en 2024 (Rome, Italie), c’est au tour de l’Amérique du Sud de prendre part à ce débat. La croissance de ce marché est « la conséquence de la pauvreté, des inégalités, du manque d’opportunités sociales et professionnelles ainsi que d’une protection étatique insuffisante » (cf. Iran, Inde : la GPA pour payer ses factures). Dans ce contexte, cet événement est une opportunité pour proposer de nouvelles politiques publiques et campagnes d’information visant à protéger les femmes et les enfants contre toutes formes d’exploitation et de trafic (cf. L’ONU condamne « l’exploitation commerciale » des mères porteuses comme « une forme de traite »).
Des experts reconnus
La conférence de Lima réunira des experts reconnus dans les domaines de la santé, de la bioéthique, du droit et de la communication, en provenance du Pérou, d’Argentine, du Chili, de Colombie, d’Espagne, de France, du Mexique et d’Uruguay.
Une table ronde examinera la manière dont les médias abordent cette question : en effet, l’opinion publique latino-américaine a été consternée par des cas d’abandon d’enfants et d’exploitation de femmes orchestrés par des réseaux composés de cliniques, d’agences et d’avocats (cf. GPA en Argentine : des Français hors les lois).
Par ailleurs, les récentes décisions de justice condamnant la GPA en Argentine, en Colombie et en Espagne, ainsi que l’initiative lancée au Parlement chilien pour interdire la GPA (cf. Chili : une proposition de loi pour interdire la GPA), feront l’objet d’analyses par des juristes de ces pays.
Le professeur de Droit International Public, Jorge Cardona Llorens, premier Espagnol membre du Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies, fera un exposé sur la GPA dans le cadre de la Convention relative aux droits de l’enfant. Verónica Toller, Directrice du Comité Exécutif de Lutte contre la Traite et l’Exploitation des Personnes du Gouvernement argentin, donnera quant à elle une conférence intitulée « Traite des personnes et GPA» (cf. « La GPA relève de la traite humaine en ce qu’elle organise l’utilisation de la femme »).
Le témoignage d’une femme née par GPA
La porte-parole de Casablanca et principale militante mondiale pour l’abolition universelle, Olivia Maurel, née en 1991 par GPA aux Etats-Unis, conclura le congrès de Lima par son témoignage (cf. Olivia Maurel née par GPA : « Il n’y a pas et il n’existera jamais de GPA dite “éthique” »). Il fait l’objet d’un livre qui sera publié en langue espagnole dans les prochains mois par le Groupe de Communications Loyola (cf. Où es-tu, Maman ? Le témoignage poignant d’une femme née par GPA).
La Déclaration de Casablanca a été lancée en 2023 avec l’objectif d’établir un traité international pour abolir le marché mondial de la maternité de substitution (cf. Des experts de 75 pays demandent l’abolition de la GPA). Elle est promue par un groupe international et interdisciplinaire d’experts issus d’environ 80 pays et a été présentée aux Nations Unies, au Parlement européen ainsi qu’à différents parlements nationaux.
Source : Déclaration de Casablanca, communiqué de presse (16/04/2025) – Photo : iStock