Le 25 octobre, deux hommes italiens ont été arrêtés à l’aéroport de Buenos Aires alors qu’ils s’apprêtaient à quitter l’Argentine avec un bébé né d’une mère porteuse. Deux jours plus tôt, la jeune femme de 18 ans s’était rendue au guichet de l’aéroport avec l’un des deux hommes, un oncologue de 26 ans, pour indiquer aux autorités qu’il était le père de son enfant né le 10 octobre et qu’elle l’autorisait à rejoindre l’Italie avec lui le lendemain.
Mais devant un délai si court, les autorités ont examiné sa pièce d’identité avec attention. Ils ont constaté qu’elle n’avait jamais quitté le pays ni possédé de passeport. Et qu’elle était originaire de Rosario, une ville distante de 300 km. Les autorités ont pu par ailleurs apprendre que l’oncologue était venu en Argentine au mois de juillet 2023 puis en mars l’année suivante et enfin le 7 octobre, 3 jours avant la naissance de l’enfant. Il était à chaque fois accompagné d’un autre homme.
Une décision in extremis
Les services de l’immigration ont refusé de délivrer une autorisation et ont transmis l’affaire à la Cour fédérale qui a lancé une enquête.
Les deux hommes se sont malgré tout rendus à l’aéroport le 25 octobre avec l’enfant et la mère ayant obtenu un passeport « en urgence » la veille. Mais une décision de justice interdisant que le nouveau-né ne quitte le pays est tombée alors qu’ils étaient dans la zone de pré-embarquement.
Le tribunal doit désormais décider si les deux hommes doivent être inculpés de « trafic d’êtres humains », de « vente d’enfants » ou d’« appropriation d’enfants ».
Une affaire qui n’est pas isolée
Après avoir prétendu dans un premier temps avoir porté l’enfant par « altruisme », la jeune femme a finalement révélé avoir été rémunérée 10 millions de pesos [1] pour le faire (cf. « Il n’y a pas de GPA éthique, c’est un terme marketing »). Maman d’une petite fille, elle était dans une situation financière précaire. Elle a indiqué avoir par le passé vendu ses ovocytes, « comme d’autres jeunes femmes du quartier difficile où elle vivait à Rosario » (cf. Au chômage depuis le confinement, des Indiennes diplômées se tournent vers la GPA « pour payer leurs factures »).
Cette affaire rejoint une enquête en cours sur la maternité de substitution, dirigée par la juge Maria Capuchetti, qui analyse les circonstances de 147 naissances intervenues à Buenos Aires, dont « 49 bébés nés d’étrangers ne résidant pas en Argentine » (cf. GPA : des femmes pauvres exploitées en Argentine). Parmi les personnes faisant l’objet d’une investigation figurent des centres médicaux, des notaires, des avocats et des intermédiaires qui mettent en relation les commanditaires avec des femmes « soi-disant prêtes à porter un enfant pour des raisons altruistes ».
[1] Soit plus de 9000 euros
Source : EuroWeekly, Linda Hall (03/11/2024)