Ce 4 décembre, la question des traitements pour les personnes se déclarant transgenres a été débattue devant la Cour suprême des Etats-Unis. Plus précisément, la Cour américaine examinait un recours contre une loi de l’Etat du Tennessee interdisant les traitements s’agissant de mineurs (cf. Le Tennessee interdit les transitions de genre pour les mineurs). Bien que la décision ne soit pas attendue avant le mois de juin, les débats semblent indiquer que les juges sont en faveur du maintien de la loi du Tennessee.
Quel rôle pour la justice ?
Parmi les questions discutées, figurait le rôle même de la Cour. En effet, le président de la Cour suprême John Roberts a exprimé des doutes quant à la pertinence de l’implication des tribunaux dans une question de règlementation des procédures médicales. « La Constitution laisse cette question aux représentants du peuple, plutôt qu’à neuf personnes, dont aucune n’est médecin » a-t-il déclaré. Il est rejoint sur le sujet par le juge Brett Kavanaugh.
Les trois juges libéraux ont semblé quant à eux favorables aux requérants. Le juge Neil Gorsuch, conservateur, est de son côté resté « particulièrement silencieux » tout au long des débats. Sa décision de ne pas poser une seule question était « très inhabituelle » dans une affaire aussi médiatisée.
Transgenre, un « statut » immuable ?
Alors que l’avocat Chase Strangio, se déclarant lui-même transgenre, a plaidé pour que la loi du Tennessee soit considérée comme « discriminatoire », le juge Samuel Alito a interrogé sur l’« immuabilité » du « statut de transgenre ». En effet, historiquement, la Cour considère l’immuabilité comme un « aspect clé » des caractéristiques d’un groupe méritant une « protection accrue ».
Dans ce contexte, le juge Kavanaugh a relevé les arguments des personnes dites « détranstionneuses ». Autrement dit, des personnes qui regrettent d’avoir reçu des traitements de changement de genre. « Vous dites qu’il y a des avantages à autoriser ces traitements, mais il y a aussi des inconvénients, n’est-ce pas ?, pointe le juge. Au moins, l’Etat le dit – la perte de fertilité, les effets physiques et psychologiques sur ceux qui changent d’avis et veulent détransitionner, ce que je ne pense pas que nous ne puissions ignorer. »
« Cette affaire signifie vraiment tout pour moi »
« Notre combat pour la justice n’a pas commencé aujourd’hui, il ne s’achèvera pas en juin – quelle que soit la décision des tribunaux », a déclaré Chase Strangio. « Cette affaire signifie vraiment tout pour moi », témoigne quant à elle Chloe Cole, qui a détransitionné (cf. Transition de genre chez une mineure : des médecins poursuivis). Si une loi comme celle du Tennessee avait été mise en place là où elle vivait, « cela ne me serait jamais arrivé », souligne-t-elle. « Ma famille n’aurait pas été déchirée comme elle l’a été ».
Face aux parents qui sont favorables aux transitions de genre, elle affiche sa compréhension : « On leur dit que la vie de leur enfant est en jeu s’ils ne veulent pas dire oui », explique-t-elle. « Je ne les blâme pas d’être en faveur de cela parce qu’on leur a menti. Leur plus grande crainte en tant que parents a été utilisée contre eux » (cf. Transition de genre : « On m’a dit que si je disais que j’allais me tuer, j’obtiendrais ce que je voulais »).
« Je sais ce que c’est que de passer par une transition de genre », assure Chloe Cole. « Je sais ce que c’est que de souffrir de dysphorie de genre et d’être suicidaire. Nous sommes tous préoccupés par la même chose. Ce que nous voulons tous, ce qui nous préoccupe tous, c’est le bien-être de ces enfants qui souffrent de confusion sexuelle. »
Aux Etats-Unis, on estime à 1,3 million le nombre d’adultes et à 300 000 le nombre d’adolescents âgés de 13 à 17 ans se déclarant transgenres, selon l’Institut Williams de la faculté de droit de UCLA.
Sources : CNN, Devan Cole, John Fritze et Tierney Sneed (04/12/2024) ; AP news, Mark Sherman (04/12/2024) ; Daily Wire, Mary Margaret Olohan (03/12/2024)