France 2 : Enquête sur l’effroyable marché noir des gestations pour autrui en France

Publié le 11 Fév, 2019

Le 31 janvier dernier, l’Envoyé spécial de France 2 a diffusé « Bébés sur internet : le marché clandestin », une enquête qui révèle l’existence d’un véritable marché noir de la gestation pour autrui (GPA) en France.

 

Le reportage commence par l’interview de Marie, devenue stérile après la naissance de son premier enfant. Sous le regard approbateur de son mari, elle explique que « quand on a tout essayé pour avoir un enfant, quel que soit le moyen, on y va ».

 

L’un des journalistes se rend ensuite sur plusieurs sites internet qui proposent, en « quelques clics », des offres de GPA. « Tous parlent d’argent sans tabou », constate-t-il. Une offre, par exemple, mentionne « 200 euros pour l’insémination, 1 200 euros le 4e mois de grossesse, 18 600 euros lors de l’accouchement ». Une autre annonce décrit : « mère de famille depuis 6 ans, avec mon époux qui travaille en CDI, j’ai 3 enfants je n’en veux pas d’autres », et propose un « tarif à 40 000 euros ».

 

Caroline, jeune mère de famille, explique que c’est pour « pouvoir offrir une famille à des gens qui ne peuvent pas en avoir » qu’elle est devenue mère porteuse. Au chômage et désirant se marier, son ami ajoute : « On va aider des gens, mais il faut une contrepartie, c’est normal ! », « je ne pense pas que vous puissiez trouver quelqu’un qui le ferait gratuitement ». Stéphanie a été mère porteuse deux fois pour deux couples homosexuels, pour un total de 40 000 euros. Elle affirme qu’elle « l’assume totalement ». « La femme fait ce qu’elle veut de son corps », explique-t-elle. Stéphanie donne l’illusion de tout maîtriser, pourtant, lorsque le journaliste l’interroge sur sa séparation avec l’enfant, sur ce qu’elle a ressenti à ce moment-là, elle craque. « C’est un bébé que je ne verrai pas au quotidien, tous les jours, évoluer… Je ne verrai pas son premier sourire, tout ça, donc c’est… on peut couper ? », s’exclame-t-elle étouffant un sanglot. Après quelques instants, elle poursuit : « ça, c’est compliqué… Il y a quand même des sentiments qui sont là ». Pourtant, elle assure, « si c’était autorisé je le referai, même une dernière fois ».

 

Fabien, père de Sarah, 2 ans, résume son histoire. Au départ, il voulait adopter. Les délais l’ont découragé. Avec son compagnon, il s’est tourné vers la GPA. Il a choisi Stéphanie pour que sa fille puisse la revoir « le jour où elle voudra des explications », sans pour autant qu’elle « soit considéré comme sa maman ». Interrogé à son tour, l’un des rares gynécologues favorables à la GPA, Thierry Harvey, déclare vouloir la légalisation des mères porteuses « pour encadrer la pratique et la contrôler ». Il affirme que « ces grossesses sont moins suivies », donc plus à risques. « Sur le plan psychologique aussi, il y a du boulot ! », une mère ayant besoin d’un suivi particulier, déclare-t-il.

 

En septembre 2018, le CCNE a confirmé qu’il n’était pas souhaitable d’autoriser la GPA, en raison du risque de marchandisation du corps des femmes. Cette question serait pour certains résolue par le biais d’une légalisation encadrée, qui bannirait la « GPA commerciale » au profit d’une « GPA éthique ».Pour autant, une GPA peut-elle être « éthique » ? Le désir d’avoir un enfant justifie-t-il tous les moyens ? L’enfant est au cœur de la GPA, et c’est bien de son intérêt qu’il doit être question, avant celui des parents. D’autant que le lien qui unit un enfant à sa mère intra utero n’est plus à démontrer, ni l’impact des traumatismes subis dans l’enfance sur la vie future de l’adulte. Or l’enquête ne s’intéresse qu’aux parents.

 

Dans l’interview finale, la joie décrite par la mère porteuse, qui se définit elle-même comme étant une personne « altruiste » et dépeint « une histoire merveilleuse », occulte encore l’enfant qu’elle a mis au monde. Elle précise juste du bout des lèvres : « elle m’appelle tata » et a un « livre de photos »…

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