Le Pr Louis Puybasset, anesthésiste réanimateur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, réagit aux propos de Bernard Kouchner et Véronique Fournier qui suggéraient d’aller plus loin que ce préconise la proposition de loi sur la fin de vie (cf. revue de presse du 28/12/04).
Il rappelle que "légaliser l’euthanasie en France serait une erreur". Pour lui, la loi votée à l’Assemblée le 30 novembre 2004 "permet de régler quasiment l’ensemble des situations rencontrées par les personnes dans l’incapacité physique de se suicider mais qui restent conscientes et désirent en finir". Ainsi, une personne tétraplégique pourra demander l’arrêt de toute alimentation, hydratation et son accueil en soin palliatif "qui permettront de l’accompagner jusqu’à sa mort".
Le Pr Puybasset reprend une étude nord-américaine selon laquelle dans les états américains où le suicide médicalement assisté est permis, les arrêts de l’alimentation et de l’hydratation sont "jugés plus dignes" qu’une injection létale. Pour le Pr Puybasset, une loi légalisant l’euthanasie briserait les efforts réalisés pour développer une culture de soins palliatifs et une "médecine, maîtrisée, réfléchie et raisonnable".
Le Pr Puybasset met en garde sur la demande d’euthanasie qui du patient, vulnérable et influençable, pourrait devenir celle des proches. Quant à la proposition de loi déposée au Sénat prévoyant d’élargir l’euthanasie aux mineurs et adultes sous tutelle*, elle pose de très graves questions. Comment un enfant ou un adulte sous tutelle pourrait exprimer une demande d’euthanasie "libre, éclairée et réfléchie" ?
Le Pr Puybasset montre qu’une "authentique compréhension de ce qu’est la responsabilité médicale est en opposition avec une législation pro euthanasique".
* Proposition de loi relative au droit de bénéficier d’une euthanasie présentée par Michel Dreyfus-Schmidt.
La Croix 11/01/05