Les demandes de renseignements sur l’euthanasie peuvent parfois « détourner les patients et les soignants des discussions habituelles sur la façon d’améliorer la qualité de vie ». Or, « lorsque les motivations du patient pour l’euthanasie ont été écoutées et analysées, les patients étaient plus ouverts à l’idée d’envisager des options thérapeutiques ». C’est l’un des résultats d’une étude menée dans l’Etat de Victoria, en Australie, et publiée dans la revue BMJ Supportive & Palliative Care [1].
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 141 patients ayant exprimé le souhait de mourir par euthanasie entre 2019 et 2021 [2]. Parmi eux, 51 sont décédés ainsi.
Un impact négatif sur les relations familiales
L’étude a par ailleurs examiné l’impact de l’euthanasie sur les relations familiales (cf. Euthanasie : quelles conséquences pour les proches ?). Les demandes de mort administrée peuvent « susciter des conflits et un stress important pour les familles et le personnel soignant », pointent ces travaux. En outre, « certains patients ont exprimé la crainte d’être abandonnés par les professionnels de santé ou les membres de leur famille dans le cas d’une demande d’euthanasie ».
Les résultats montrent également « une possible détresse morale » chez les soignants qui font face à des refus de soins palliatifs et à des demandes d’euthanasie (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « une rupture profonde dans ce qu’est l’éthique de l’engagement soignant »).
Des demandes d’euthanasie motivées par la peur de souffrir
Même si les demandes d’euthanasie « pouvaient inviter à mieux écouter et comprendre la souffrance des patients », les chercheurs observent que, parmi les personnes qui sont décédées des suites d’une euthanasie, la crainte de souffrances futures a été mentionnée plus souvent que la souffrance actuelle (49% vs. 45,1%). Au contraire, parmi celles n’ont pas été euthanasiées, la principale raison de la demande d’euthanasie, au départ, était la souffrance réelle dans 66,7 % des cas, contre 65,3% pour l’autonomie (cf. Fin de vie : « l’euthanasie ne soignera jamais la solitude, ni le désespoir, ni la souffrance »).
Ces résultats révèlent ainsi que « lorsque les patients souffrent d’une souffrance réelle, les soins palliatifs ont un impact positif sur cette souffrance et permettent de réduire les demandes d’euthanasie », analyse l’Institut européen de bioéthique. « Il reste à savoir dans quelle mesure il sera possible à l’avenir, de continuer à fournir des soins palliatifs de qualité dans un contexte où la généralisation de l’euthanasie conduit la société à l’envisager comme la seule solution pour mettre fin à la souffrance », conclut-il.
[1] Michael N, Jones D, Kernick L, et al, Does voluntary assisted dying impact quality palliative care? A retrospective mixed-method study, BMJ Supportive & Palliative Care Published Online First: 13 June 2024. doi: 10.1136/spcare-2024-004946
[2] L’euthanasie a été légalisée dans l’Etat de Victoria en 2017.
Source : Institut européen de bioéthique, Australie : Une étude souligne l’impact de l’euthanasie sur les soins palliatifs (17/09/2024) – Photo : iStock