Fin de vie : Le Sénat et l’Assemblée nationale en passe de voter l’euthanasie ?

Publié le 26 Jan, 2016

Alors qu’aujourd’hui 27 janvier 2016 sera adoptée à l’Assemblée nationale et au Sénat la proposition de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Sud, signe une tribune dans laquelle il affirme que c’est la porte ouverte à l’euthanasie.

 

Pour lui, « notre société fait aujourd’hui le choix de légaliser une autre approche du mourir », préférant ériger des symboles plutôt que de « s’investir au quotidien pour qu’évoluent les mentalités et les pratiques ». Puisque l’on n’a pas su agir sur le « bien vivre », « Il convient aujourd’hui d’intégrer le modèle d’un ‘bien mourir’ opposé au ‘mal mourir’, figure emblématique de l’inacceptable et de l’insupportable fustigés ». « Les règles du ‘vivre ensemble’ s’étendront donc demain à l’administration –reconnue comme un droit- d’une sollicitude active dans la mort ».

 

Mais « Le souci de la forme ne dissimule pas pour autant les intentions et les incitations de fond »  de la sédation profonde et continue, des directives anticipées opposables, précise Emmanuel Hirsh. L’urgence législative révèle à cet égard l’état d’esprit. Seulement, « L’impatience est telle que l’on devient indifférent aux conséquences de ce qui se décide aujourd’hui, alors qu’il est tant question de lien social, de ‘valeurs qui font société’, notamment là où les vulnérabilités humaines défient nos solidarités ».

 

Il souligne combien notre conception de la dignité, et du rôle de la société concernant celle-ci, s’émousse au travers de cette loi : « notre souci de dignité se satisfera désormais de la perspective d’un ‘traitement à visée sédative et antalgique’ ». Nous n’attendrons de la société pour garantir notre dignité qu’une mort certes pas très héroïque, mais au moins rapide, sans douleur, « par compassion ».  Ce n’est rien de moins qu’une idéologie du « bien mourir » pour Emmanuel Hirsch qui dénonce une « abolition de toute exigence de questionnement », et alerte sur notre l’accentuation de nos « vulnérabilités sociales ».

 

Selon lui, il « semblait plus responsable aujourd’hui de mettre en œuvre de manière effective la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, que de dissimuler, en y mettant les formes, une évolution dont il est évident qu’elle légitime une gestion médicale et administrative de l’euthanasie qui s’insinuera dans les pratiques de manière subreptice ». La « prudence sémantique », ou « inconséquence », ne fait qu’opacifier « les quelques distinctions de fond qui s’avéraient pourtant indispensables ».

 

C’est en fait un pas vers la légalisation de l’euthanasie, certains membres du gouvernement affirment même que cette législation n’est que transitoire.

 

« Il convient désormais de se résoudre à accompagner sur le terrain du soin non seulement une approche différente de la législation relative à la fin de vie, mais également une autre conception de ce que soigner signifie, de ce à quoi le soin engage ».

Le Huffington Post (27/01/2016)

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