A la suite d’une conférence de presse donnée le 12 juin, Emmanuel Macron a indiqué qu’il souhaitait que les textes mis à l’arrêt après la dissolution de l’Assemblée nationale et notamment celui dédié à la fin de vie « puissent être repris si la majorité est confirmée, élargie ou avec d’autres partenaires » (cf. La dissolution de l’Assemblée dissoudra-t-elle aussi le projet de loi sur la fin de vie ?). « Je pense en particulier que, pour beaucoup de nos compatriotes, le projet de fin de vie était attendu » a-t-il ajouté.
Une « victime collatérale de la dissolution » ou un calcul ?
Pour Olivier Falorni, jusqu’ici rapporteur général du texte, le projet de loi sur l’« aide à mourir » qui devait être voté solennellement le 18 juin prochain à l’Assemblée nationale est la « première victime collatérale de la dissolution » (cf. L’« aide à mourir » exclue des directives anticipées, pour le moment). « Si le Rassemblement national [RN] sort majoritaire des urnes, le texte sera définitivement enterré, c’est clair » craint-il.
Pourtant, selon une analyse d’Annie Vidal, ancienne députée Renaissance de Seine-Maritime, le choix d’Emmanuel Macron serait réfléchi notamment vis-à-vis du texte sur la fin de vie. « On nous a dit que le président de la République trouvait inadmissible que les députés ne soient pas mobilisés sur un texte aussi emblématique et qu’il était très mécontent des ouvertures [votées en commission et en séance]. Je pense que cela n’est pas loin d’avoir pesé dans son choix de dissoudre » explique-t-elle. De son côté, elle souhaite que l’« on s’occupe d’abord de la question du grand âge et surtout qu’on développe au préalable les soins palliatifs ».
Des réactions diverses selon les partis politiques
Quel que soit le résultat des urnes, le projet de loi sur la fin de vie ne semble pas la priorité des partis politiques même si certains députés souhaitent en faire un de leurs sujets de campagne comme Danielle Simonnet (LFI) ou Christine Pirès Beaune (PS). « Nul doute qu’on portera le projet d’une loi sur la fin de vie, explique Sandrine Rousseau (Europe Ecologie-Les Verts). Mais, avant la fin de vie, il y a tous les sujets sociaux qui concernent la capacité de vivre des Français ». Du côté des Républicains, la dissolution était une bonne nouvelle. « C’est la fin de vie pour la fin de vie », s’est félicité Patrick Hetzel. Les anciens députés LR ne comptent pas revenir sur le texte. En revanche les soins palliatifs feront l’objet de leur attention. Philippe Juvin (LR) a prévu de faire du développement des soins palliatifs une de ses promesses de campagne.
En cas de victoire du Rassemblement national, la loi sur la fin de vie qui était l’une des promesses de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron (cf. Présidentielles : Emmanuel Macron favorable à l’euthanasie), ne fera pas partie des priorités immédiates a indiqué Sébastien Chenu, porte-parole du parti de Marine Le Pen. « Ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. On a très envie de travailler sur les soins palliatifs. Notre proposition est de donner des moyens pour permettre aux Français d’abréger leurs souffrances, de terminer leur vie dans la plus grande dignité », a-t-il ajouté.
Sources : AFP (12/06/2024) ; Le Monde, Béatrice Jérôme (12/06/2024)