Fin de vie : des associations canadiennes sonnent l’alerte

4 Jan, 2023

Fin décembre, 50 organisations canadiennes de personnes en situation de handicap et de défense des droits de l’homme ont dénoncé les dernières extensions de l’« aide médicale à mourir ».

En effet, le 23 décembre, elles ont envoyé une lettre [1] au ministre fédéral de la justice ainsi qu’au Premier ministre et à tous les chefs de partis politiques afin d’exprimer « leurs inquiétudes et leur opposition à la légalisation de l’aide médicale à mourir (AMM) pour maladie mentale ainsi qu’à la pratique déjà légalisée de l’euthanasie des personnes en situation de handicap qui ne sont pas en phase terminale ».

Un système en échec

Depuis sa création en 2016, l’« aide médicale à mourir » n’a cessé de faire sauter, les unes après les autres, les « protections » existantes pour s’élargir de plus en plus. Alors que la loi C-7, votée en mars 2021, a supprimé le critère de « mort raisonnablement prévisible » (cf. Au Canada, nouvel assouplissement des conditions d’accès à l’aide médicale à mourir), les associations demandent au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour renoncer totalement à ces dispositions permettant aux personnes qui ne sont pas en phase terminale d’obtenir l’AMM (cf. L’euthanasie devient « une option de fin de vie » au Canada).

« La loi actuelle ne fonctionne pas » constatent les associations. Face au handicap ou à la détresse, l’« aide médicale à mourir » se généralise et les exemples de dérives se multiplient (cf. Canada : un homme bientôt sans domicile demande l’euthanasie, feu vert du médecin). « Nous ne pouvons pas offrir une “aide à mourir étatisée” aux personnes qui ne sont pas en phase terminale sans garantir un droit légiféré à une vie décente pour tous » font-elles remarquer.

« Une procédure discriminatoire »

En mars prochain, la loi devrait élargir l’accès de l’AMM aux personnes souffrant de maladies mentales (cf. Canada : l’AMM reportée pour les personnes atteintes de maladies mentales ). « La légalisation de l’AMM pour maladie mentale est une procédure discriminatoire » s’indignent les associations, « cette loi est une menace pour les personnes en situation de handicap et leurs familles » (cf. Face au handicap ou à la pauvreté, l’aide médicale à mourir se généralise au Canada ; Canada, les personnes handicapées ne veulent pas mourir).

« Plus de deux millions de Canadiens de plus de 15 ans ont une déficience liée à une maladie mentale » rappellent les associations. « Nous ne pouvons pas permettre à une discrimination systémique de cette ampleur de se poursuivre » poursuivent-elles. « Légaliser l’AMM pour maladie mentale consisterait à mettre de l’huile sur un feu déjà hors de contrôle » alertent-elles (cf. Canada : l’élargissement sans limite de l’« aide médicale à mourir » ).

Face à cette pente glissante, il serait temps de prévoir plutôt une « aide à vivre » afin de « garantir une protection pour tous, y compris pour les personnes en situation de handicap ».

Alors que les demandes d’euthanasies sont en constante augmentation dans le pays (cf. Canada : les chiffres témoignent d’une explosion de l’aide médicale à mourir en 2021) et que le cadre initial de la loi, pourtant récente, a volé en éclats, leur alerte sera-t-elle entendue ? Parviendront-ils à arrêter cet engrenage qui semble inéluctable ?

[1] La lettre a été publiée le 23 décembre 2022 par la British Columbia Aboriginal Network on Disability Society (BCANDS) sur son compte Twitter (@BCANDS1)

DERNIERES ACTUALITES
Bien vieillir : la proposition de loi adoptée par le Sénat

Bien vieillir : la proposition de loi adoptée par le Sénat

La proposition de loi visant à « bâtir la société du bien-vieillir et de l'autonomie » a été définitivement approuvée par le Sénat ce mercredi. Le texte contient un ensemble de dispositions « saluées pour leur utilité, mais critiquées pour leur portée limitée »....

Oregon : les suicides assistés en hausse de 20 % en 2023

Oregon : les suicides assistés en hausse de 20 % en 2023

Le 20 mars, l’Oregon a publié son rapport annuel relatif au Death with Dignity Act (DWDA) [1]. Il fait état de 560 prescriptions létales en 2023, et de 367 décès suite à leur ingestion [2]. Des chiffres en nette hausse par rapport à l’année précédente au cours de...

Partager cet article

Toute l’actualité bioéthique
chez vous, gratuitement

Cochez vos choix :

En validant ce formulaire, j’accepte de recevoir les informations du site Gènéthique par email et accepte la politique de confidentialité