Le journaliste et réalisateur Carl Gierstorfer a travaillé sur le sujet de la violence à l’encontre des femmes en Inde via un documentaire diffusé par les chaines ZDF (Allemagne), Discovery Channel (Etats-Unis) et la BBC (Royaume-Uni). Il explique les enjeux de ce film pour le site de CNN.
La problématique de fond ? « La préférence pour les garçons qui transcende les religions et les castes en Inde ». Que tous veuillent un nouveau-né de sexe masculin crée un sérieux déséquilibre au sein de la population adulte. Les hommes peinent à trouver une femme à épouser et font appel à des sociétés pour en acheter une. Cela a fait naître une économie du trafic d’êtres humains.
Narinder, 36 ans, vient de l’Etat du Uttar Pradesh (nord-uuest) où le ratio à la naissance est de 858/1 000, « ratio qui ne se produit pas sans intervention médicale », autrement dit, sans échographie suivie d’un avortement sélectif. Il est un des quatre garçons d’une famille dont seulement un a pu trouver une épouse. Il témoigne : « seuls les riches et les fonctionnaires parviennent à se marier de nos jours ». Narinder a contacté une agence pour acheter une fiancée dans un autre Etat.
Les Etats du nord-ouest, plus riches, qui peuvent financer les échographies et les avortements sélectifs, présentent les ratios les plus déséquilibrés. « Les Etats de l’est, à l’instar de l’Assam, du Jharkhand, du Bengale-Occidental ou de l’Odisha deviennent des réservoirs pour le commerce de jeunes fiancées ». La pénurie de femmes, résultat de décennies d’avortements sélectifs, fait le profit des trafiquants d’êtres humains, qui les achètent à leur famille dans le besoin ou les kidnappent. « C’est un cercle vicieux alimenté par la pauvreté et les performances technologiques » constate Carl Gierstorfer.
CNN (Carl Gierstorfer) 4/09/2014