Faillite de la contraception d’urgence

Publié le 8 Mai, 2011

Pierre-Olivier Arduin cite, dans Liberté Politique, une étude britannique effectuée par David Paton et Sourafel Girma, économistes reconnus et professeurs à l’Université de Nottingham, qui démontre que l’accès libre et gratuit des mineures à la contraception d’urgence induit une hausse des grossesses adolescentes et une prévalence accrue des maladies sexuellement transmissibles dans cette population. Cette étude a été publiée sur le site du Journal of Health Economics en décembre 2010.

Alors que le Royaume-Uni procède à de fortes coupes budgétaires, les deux économistes voulaient examiner si l’argent public versé dans le cadre de la politique de "prévention des grossesses adolescentes" par la pilule du lendemain était dépensé à bon escient. Ils ont ainsi comparé les taux de "grossesses non désirées" dans les régions britanniques où la pilule du lendemain est délivrée en pharmacie gratuitement aux adolescentes de moins de 16 ans et celles où une prescription médicale est requise. Les résultats sont très clairs :  "la distribution gratuite de la pilule du lendemain rate son objectif qui est de limiter les grossesses chez les jeunes", elle en favorise même l’augmentation, constatent les deux universitaires. Ils observent un autre effet inquiétant de cette politique : une augmentation de 12% des maladies sexuellement transmissibles (MST) – dont les effets sur la fertilité féminine sont graves – parmi les moins de 16 ans. Ces conclusions montrent à quel point une politique gouvernementale dans le domaine sanitaire peut démultiplier les conséquences indésirables contre lesquelles elle prétend lutter. Ces résultats ne surprennent guère, une étude internationale en 2007 avait déjà montré que la contraception d’urgence ne permettait pas de renverser les taux de grossesses et d’avortements chez les mineures.

Les pouvoirs publics français ont eux-mêmes dû le constater. La pilule du lendemain, en France, peut être délivrée gratuitement par les pharmaciens et infirmières scolaires depuis la loi Royal du 13 décembre 2000. Dans un rapport de 2009, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a reconnu que la pilule du lendemain (dont plus d’1 200 000 boîtes ont été distribuées en 2008) n’a eu aucun effet sur la prévention des avortements chez les adolescentes. "Si le recours à la pilule du lendemain a augmenté de 72% entre 2000 et 2005, le nombre d’IVG pratiquées est demeuré stable. On constate même une tendance à l’augmentation de leur nombre chez les jeunes", observe l’IGAS, qui n’en tire pourtant aucune leçon et recommande au ministre de la santé de rendre cette pilule toujours plus accessible. La délivrance facilitée de la contraception d’urgence encourage en effet les mineures et les jeunes femmes à une plus grande prise de risque en se livrant à des relations sexuelles que certaines d’entre-elles auraient évité si elles n’avaient eu l’assurance d’accéder à la pilule du lendemain. La stratégie publique en matière de contraception d’urgence s’avère donc vouée à l’échec et ne mènera qu’à renforcer une sexualité hédoniste déconnectée de tout engagement responsable.

Enfin, on note que l’action possiblement abortive de la pilule du lendemain n’est généralement pas évoquée. Récemment, le Comité national italien de bioéthique a reconnu aux pharmaciens le droit à l’objection de conscience en ce qui concerne la délivrance de la pilule du lendemain, du fait de cet effet abortif (Cf. Synthèse de presse du 01/03/11).

Liberté Politique.com (Pierre-Olivier Arduin) 06/05/11

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