L’entreprise Scientists from Conceivable Life Sciences, basée aux Etats-Unis et au Mexique, a annoncé la naissance du premier enfant conçu par FIV entièrement automatisée [1]. Sa mère est une femme de 40 ans qui a reçu un don d’ovocyte auprès de la clinique Hope IVF, au Mexique.
La technique qui a été utilisée est celle de l’injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), une procédure qui s’est répandue dans les années 1990 (cf. L’ICSI, une procédure « coûteuse et invasive » conduisant à « une perte de temps »). Il s’agit d’isoler un spermatozoïde et de l’injecter dans le cytoplasme d’un ovule. Cette technique requiert un haut niveau d’attention et de dextérité de la part embryologistes.
C’est pour cette raison que le Pr Jacques Cohen invoque un « risque d’erreur ». Il se félicite d’avoir réduit le degré d’intervention humaine au maximum.
Enclencher une PMA depuis « l’autre bout du monde »
L’équipe pluridisciplinaire a mis au point une technologie capable d’accomplir les 23 étapes requises lors d’une ICSI. L’embryologiste n’a qu’à appuyer sur un bouton et observer le processus enclenché, « éventuellement de l’autre bout du monde ».
Tout d’abord, une intelligence artificielle sélectionne, sur la base de son apparence, le spermatozoïde supposé être le plus « sain ». Puis un dispositif l’immobilise avec un rayon laser, le saisit et l’injecte dans l’ovule déjà sélectionné.
« Grâce à l’intelligence artificielle, la sélection des gamètes et l’injection de spermatozoïdes ont atteint un niveau d’automatisation et de précision au-delà du niveau des capacités humaines », commente le Pr Gerardo Mendizabal-Ruiz, co-auteur de l’étude.
Un système plus cher, pour le moment
Pour obtenir cette première naissance, les scientifiques ont choisi « au hasard » cinq ovules parmi huit issus de donneuses pour être fécondés par le système automatisé, obtenant ainsi quatre embryons. Les trois ovules restants ont été fécondés par l’approche ICSI manuelle « standard », qui a également produit des embryons.
Ils ont ensuite utilisé un autre modèle d’IA pour sélectionner les deux « meilleurs » embryons, en se fondant sur « l’apparence de leurs chromosomes ». Cette approche ne produit pas « nécessairement » des embryons « plus sains » que l’ICSI manuelle, précise M. Cohen. Le premier embryon implanté ne s’est pas développé. C’est le second qui a donné lieu à une naissance.
Selon Joyce Harper, de l’University College London, il s’agit d’une « preuve de concept intéressante ». Des études de plus grande envergure seraient nécessaires pour déterminer si l’automatisation de la PMA conduit à des taux de naissance plus élevés.
Il est également peu probable que la FIV automatisée soit largement utilisée, en raison des coûts supplémentaires qu’elle entraîne, « du moins dans un premier temps », estime Joyce Harper. Jacques Cohen espère toutefois que « cette situation s’améliorera avec le temps » : « Au fur et à mesure que nous optimisons, standardisons et affinons le système, nous nous attendons à ce que le coût pour la patiente et la clinique diminue ».
Sources : New Scientist, Carissa Wong, (10/04/2025); EurekAlert!, American Association for the Advancement of Science (AAAS), (9/04/2025)
[1] Gerardo Mendizabal-Ruiz et al, A digitally controlled, remotely operated ICSI system: case report of the first live birth, Reproductive BioMedicine Online (2025). DOI: 10.1016/j.rbmo.2025.104943