Euthanasie : libre, le Dr Bonnemaison reste sous contrôle judiciaire

Publié le 12 Sep, 2011

Le 13 septembre 2011, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau a laissé en liberté, sous contrôle judiciaire, le Dr Nicolas Bonnemaison, médecin urgentiste du centre hospitalier de Bayonne, soupçonné d’euthanasies sur au moins 7 patients âgés en fin de vie (Cf. Synthèse de presse du 09/09/11). Le contrôle judiciaire prévoit l’interdiction d’exercer la médecine, de résider dans les Pyrénées-Atlantiques ainsi que de prendre contact avec des membres de son ancien service. La chambre de l’instruction a déclaré que ces obligations du contrôle judiciaire permettaient d’éviter un renouvellement de l’infraction ou des pressions sur les témoins ou sur les membres des familles. Les magistrats notent que, pour les 4 premiers cas de décès, aucune famille n’a porté plainte et que le Dr Bonnemaison a respecté les obligations de son contrôle judiciaire depuis un mois. Les agissements reprochés à ce dernier, estiment-ils, ont seulement engendré un débat public sur la délicate question de l’euthanasie qui divise l’opinion et sur les valeurs qu’une société se doit de garantir.

Interrogé par l’AFP, le Dr Bonnemaison s’est dit "soulagé" parce qu’il "va pouvoir s’expliquer sereinement". Il se déclare "prêt à s’expliquer sur tous les cas" et affirme qu’il n’est pas un "militant de l’euthanasie".

Alors que des sympathisants étaient présents à la lecture de l’arrêt, le Dr Marc Renoux, président démissionnaire du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques de l’Ordre des médecins (Cf. Synthèse de presse du 07/09/11), a mis en garde contre une confusion entre l’homme et l’affaire elle-même : "A Bayonne, c’est un notable (…). Il est connu pour être un bon médecin, proche des familles. Là n’est pas la question. Il reconnaît lui-même avoir enfreint la loi et pratiqué des injections létales. Mais la sympathie et quelques arrière-pensées idéologiques ont fait peser la balance dans son sens".

L’hôpital de Bayonne et l’unité d’hospitalisation de courte durée, le service des urgences où travaillait le Dr Bonnemaison, est actuellement passé au crible par deux inspecteurs de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales). Les informations recueillies viendront nourrir un rapport qui déterminera si l’unité avait un mode de fonctionnement satisfaisant.

De son côté, le Journal du dimanche publie un article évoquant le témoignage d’un homme prénommé Jacques dont l’oncle, Pierre, âgé de 88 ans, est décédé le 7 juillet 2011 à l’unité d’hospitalisation de courte durée de l’hôpital de Bayonne. Jacques explique avoir des doutes sur les circonstances de la mort de son oncle, atteint de la maladie de Parkinson. Hospitalisé après une chute dans la nuit du 5 au 6 juillet 2011, celui-ci se serait éteint de manière particulièrement rapide. "On nous a dit qu’il souffrait d’une insuffisance rénale, que ses poumons étaient pris et qu’il avait une tension très basse (…). Il a sombré dans un semi-coma et le pronostic vital a été engagé", précise le neveu dont l’oncle meurt seul à 12h05 le lendemain, 7 juillet 2011. "Le Dr Bonnemaison m’a appelé une seule fois pour me dire : ‘c’est fini, il s’est éteint doucement, il n’a pas souffert’ (…). Cela a été un choc. Il est parti en 24 heures, j’ai trouvé cela très rapide". Lors des obsèques du vieil homme, "ses infirmières à domicile se sont étonnées de sa mort (…). Le problème, c’est qu’on ne l’a pas vu. Et moi, je ne suis pas docteur", ajoute-t-il dubitatif. L’octogénaire, précise-t-il, "redoutait la mort et était homme à s’accrocher à la vie jusqu’au bout" et il n’avait jamais évoqué la question de l’euthanasie avec sa famille. Interrogé sur un éventuel dépôt de plainte, Jacques répond ne pas vouloir faire de démarche pour l’instant.

 

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