Euthanasie : le Québec face à ses excès

Publié le 12 Déc, 2017

Le 10 décembre 2015, l’euthanasie a été légalisée au Québec (Canada) « sous le pseudonyme d’”aide médicale à mourir” ». En deux ans, « le Québec s’est jeté la tête la première dans la mort comme solution à la souffrance », mettant « en grand danger les personnes vulnérables » et justifiant « la crainte légitime des personnes qui s’opposaient à l’idée de donner autant de pouvoir à certains membres de notre société ».

 

La loi prévoyait « des balises de sécurité pour empêcher les abus » et des « critères “très stricts” ». Elle se voulait « d’abord et avant tout une loi d’accès à des soins palliatifs de qualité partout sur le territoire ». Mais la « mesure exceptionnelle s’est rapidement transformée en réponse à un besoin ».

 

Le Québec a évoqué la première année « une centaine de demandes », alors qu’en réalité « 469 personnes sont mortes par euthanasie en 2015-2016 ». L’année suivante, 638 sont décédées. En comparant ces chiffres avec ceux de la Belgique (en pourcentage du total de décès), « on constate que la 1ère année du Québec correspond à la 6e année de la Belgique, tandis que notre 2e année se positionne entre la 7e et la 8e année de la loi belge ».

 

Les “balises de protection” sont inopérantes puisque le même médecin suit toutes les phases du processus : il « évalue le patient et pose le diagnostic », c’est aussi lui « qui provoque sa mort, et se trouve également à être celui qui remplit ensuite le formulaire de déclaration pour expliquer à la Commission de surveillance la conformité de son acte ».

 

La Commission sur les soins de fin de vie (CSFV) avait repéré « 21 cas d’abus durant la première année, puis 31 nouveaux cas d’abus l’année suivante ». Cependant, le Collège des médecins a jugé qu’« aucun [de ces] cas ne justifie de mesure punitive », introduisant des « violations répétées de la Loi en justifiant les abus par l’impunité », alors que de nombreuses situations « auraient dû déclencher une sérieuse alarme ».

 

Dans ce contexte, « un nouveau discours public » est à craindre. Il pourrait conduire à transformer « la mesure d’exception » en « une solution à promouvoir » : l’euthanasie, « vendue comme un choix personnel », qui implique « quand même notre système de santé », glisse vers un choix du médecin « qui vise une autre personne ».  

En outre, « aucun suivi effectif sur l’accès aux soins palliatifs » n’a été fait ces deux dernières années[1]. Et « au lieu de chercher à remédier à cette défaillance majeure, le gouvernement du Québec préconise plutôt d’étudier les refus d’euthanasie ! [2]».

 

Il faudrait plutôt que « la dernière caresse du médecin envers un patient dans sa dernière angoisse soit procurée par une main qui soigne et non par une main qui tue ». « A quoi bon avoir mis en place une loi, des critères et une commission de surveillance s’il est facultatif de les respecter ? ».

 

 

[1] La Commission de surveillance mentionnait dans son plus récent rapport que la « variabilité des renseignements rapportés en ce qui a trait au nombre de personnes en fin de vie ayant reçu des soins palliatifs ne permet pas de traiter ces données pour le moment » (Rapport CSFV, 3.2.1).

[2] Ndlr : l’article cite « Aide médicale à mourir : le ministre Barrette ouvert à l’idée d’examiner les refus ».

 

Huffingtton Post Québec, Aubert Martin (11/12/2017)

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