La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau a finalement décidé, mardi 6 septembre 2011, de se donner un peu de temps avant de décider si elle maintient en liberté le Dr Nicolas Bonnemaison (cf. Synthèse de presse d’août 2011). Celui-ci est désormais soupçonné d’empoisonnement non plus sur 4 mais sur 7 personnes âgées entre avril et août 2011. La Cour d’appel rendra sa décision le 13 septembre 2011.
L’avocat général a dénoncé fermement les actes du médecin urgentiste : "Il s’est arrogé le pouvoir de donner la mort, tout seul, le droit de choisir l’instant de la mort et cela a eu l’air de s’amplifier. Personne n’a le droit de disposer de la vie des autres, personne n’a le monopole de la compassion."
Le médecin s’est défendu, affirmant n’avoir voulu qu’abréger les souffrances de ses patients, en communiquant avec les familles. "Je ne suis pas un militant de l’euthanasie", a-t-il déclaré.
Le président de l’ordre des médecins des Pyrénées-Atlantiques, le Dr Marc Renoux, a démissionné de ses fonctions après la décision du conseil de ne pas porter plainte contre le Dr Bonnemaison. "Le résultat, c’est que le conseil de l’Ordre national va porter plainte, et je ne peux pas dire à la fois que je me désolidarise du conseil départemental et y rester", a-t-il expliqué, jugeant que ce vote "a décrédibilisé le conseil de l’ordre".
Le conseil national de l’ordre des médecins s’est donc saisi de l’affaire et prévoit de délocaliser la plainte vers la chambre régionale d’Aquitaine pour "des questions de sérénité et d’indépendance suffisantes pour calmer toute suspicion". Son président, le Dr Michel Legmann, a déclaré que "tout est illégal dans le comportement du Dr Bonnemaison". "Nous sommes là pour soulager les gens, pour leur apporter compassion et sollicitude. Mais on n’est pas là pour se livrer à des exécutions", a-t-il ajouté. Pour lui, la loi Leonetti prévoit "des conditions humaines et acceptables par tous d’une fin de vie organisée, en respectant la dignité des patients. (…) En revanche, elle souffre d’être méconnue, y compris par beaucoup de médecins. Il n’y a certainement pas assez de pédagogie autour de ce texte".
De son côté, le Dr Xavier Mirabel, président de SOS Fin de vie, a dénoncé "l’interprétation des regards" des patients et de leurs familles, évoquée par le Dr Bonnemaison : "Toute la déontologie médicale contemporaine s’appuie au contraire sur l’explicitation par la parole des options thérapeutiques, dans lesquelles n’entre d’ailleurs aucunement l’administration de la mort. (…) Dans cette affaire, il faut rappeler l’urgence de prendre soin des personnes notamment en matière de soins anti-douleurs, plutôt que de prétendre que la mort est la solution pour effacer la souffrance."
Le Parisien.fr 06/09/11 – Lci.Tf1.fr 06/09/11 – AFP 07/09/11 – Le Figaro.fr (Christophe Cornevin) 06/09/11 – La Croix 07/09/11 – Libération 07/09/11 – Le Quotidien du médecin.fr (Stéphanie Hasendahl) 06/09/11 – Le Figaro 07/09/11 – rtl.fr 06/09/11 – L’Express.fr 07/09/11 – metrofrance.com 07/09/11 – Le Nouvel Observateur 06/09/11