Un collectif d’organisations de défense des droits des personnes handicapées [1] a initié un recours en justice, « en vertu de la Charte des droits », contre une partie de la loi canadienne sur l’« aide médicale à mourir » (AMM). En effet, les patients dont la mort n’est pas « raisonnablement prévisible », mais dont l’état entraîne des « souffrances intolérables », peuvent demander à recourir à l’euthanasie.
Ces organisations rappellent que des personnes handicapées font parfois cette demande « en raison de la privation sociale, de la pauvreté et d’un manque de soutiens essentiels » (cf. Handicap, dépression, pauvreté: l’aide médicale à mourir se généralise au Canada). Ce qui a entrainé des « décès prématurés ». « Ce n’est pas de la compassion. C’est de l’abandon », résume Krista Carr, vice-présidente d’Inclusion Canada.
« Il n’y a pas de privation plus grave et plus irrévocable que de faire mourir quelqu’un qui n’est pas en train de mourir »
« Une loi qui permet aux personnes handicapées d’accéder à un décès financé par l’Etat dans des circonstances où elles ne peuvent pas accéder aux soutiens financés par l’Etat dont elles ont besoin pour rendre leurs souffrances tolérables est grossièrement disproportionnée », s’insurge le collectif dans son dossier contre le gouvernement fédéral devant la Cour supérieure de l’Ontario. « Il n’y a pas de privation plus grave et plus irrévocable que de faire mourir quelqu’un qui n’est pas en train de mourir », dénonce-t-il.
Le collectif ne s’oppose pas à l’« aide médicale à mourir » en général, précise-t-il toutefois. C’est le fait qu’une partie de la loi « cible » les personnes handicapées qui est incriminé (cf. Canada : une femme handicapée accusée d’être « égoïste » parce qu’elle refuse l’euthanasie). « Ce dont nous avons besoin, c’est d’un droit à des aides et à un financement facilement accessibles pour les personnes handicapées, et non d’une voie rapide et facilement accessible vers une mort financée par l’Etat », plaide Krista Carr.
Les personnes handicapées incitées à recourir à l’AMM
Heather Walkus, présidente nationale du Conseil des Canadiens avec déficiences, souffre de sclérose en plaques et de perte de vision. Alors qu’elle cherchait à se faire soigner pour une blessure à la hanche, un professionnel de santé lui a demandé, « sans y être invité », si elle avait envisagé d’accéder à l’AMM. Ce qu’elle a trouvé « stupéfiant ».
« Je ne souffre pas à cause de mon handicap », témoigne Heather Walkus. « Ce sont les perceptions des autres, l’environnement physique, l’environnement comportemental, les politiques et les services de soutien, ou leur absence – c’est ce qui me handicape et me met dans une position de souffrance, pas mon handicap. »
[1] les organisations nationales de défense des droits des personnes handicapées Inclusion Canada, le Conseil des Canadiens avec déficiences, Indigenous Disability Canada et le Réseau des femmes handicapées du Canada. Elle comprend également deux plaignantes individuelles.
Source : L’actualité, la Presse canadienne (26/09/2024) – Photo : Pixabay