Euthanasie des mineurs ou accompagnement “jusqu’au bout”?

Publié le 27 Mar, 2014

 Il y a presque douze ans, la Belgique autorisait l’euthanasie pour les adultes. En février dernier, c’est l’euthanasie pour les mineurs en fin de vie qui a été adoptée (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 14 février 2014). Dans un dossier, l’hebdomadaire Pèlerin a tenté de comprendre une telle évolution et met en parallèle une unité hospitalière française, qui, elle, choisit de soigner jusqu’au bout les adolescents en fin de vie. 
 
Le politologue Pascal Delwit explique cette évolution par le fait que “depuis 2000, les démocrates-chrétiens ne dominent plus l’échiquier politique. Ceci reflète une déchristianisation récente mais forte de la population. […] Désormais, ce sont des partis très laïques, liés à la franc-maçonnerie, libéraux de droite ou socialiste qui gouvernent”. Désormais, déplore le P. Eric de Beukelaer, chanoine de Liège et blogueur, “le pragmatisme ultralibéral l’a emporté sur l’humanisme social. L’individu n’est plus vu que comme un être autonome qui fait ses choix seul“. 

Selon Marie-Geneviève Pinsart, vice présidente du Comité consultatif de bioéthique de Belgique (CCBB), cette nouvelle loi “crée un espace de liberté supplémentaire. Elle n’oblige personne. Et elle dépénalise sous conditions ce qui est très différent de distribuer un permis de tuer“.
Pour autant, des voix discordantes essayent de se faire entendre. Ainsi en a-t-il été de 200 pédiatres sur les 1200 que compte le pays, qui ont signé une pétition contre la loi ou encore du Pr Eric Sariban, cancérologue pédiatrique: “j’ai suivi jusqu’au bout 84 jeunes atteints de tumeurs cérébrales. Pas un ne m’a adressé une telle demande [i.e demande d’euthanasie]. Parce que nous savons désormais briser ces ‘souffrances intolérables’ dont parle la loi“.
Pour d’autres, comme le pédopsychiatre Philippe Van Meerbeeck, c’est l’absence de limite d’âge qui est dangereux. Cette “liberté de choix sans limite d’âge ne vaut pas en droit, pour un enfant.On sait bien que ce sont ses parents et ses médecins qui vont décider” expliquent les juristes Etienne Dujardin et Drieu Godefrifi, fondateur du mouvement des Dossards jaunes.

Alors que la Belgique étend l’euthanasie aux mineurs, certaines unités, elles, soignent “jusqu’au bout” des adolescents. Ainsi en est-il à l’unité Coquelicot de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Le Pr Nicolas Boissel, chef du service d’hématologie pour “adolescents et jeunes adultes”, explique: “je dirais que nos patients sentent la vie jusqu’au dernier instant“. Cécile Perrier, Psychologue clinicienne précise: “Depuis cinq ans que l’unité existe, nous n’avons jamais eu de demande d’euthanasie ni même d’arrêt des soins“. Dans cette unité, l’équipe s’interdit de dire: “C’est fini, il n’y a plus rien à faire“. “Lorsqu’on n’est plus dans les chimiothérapies lourdes, les attentes de greffes, on privilégie leur confort et leurs désirs. Ce message-là, nos patients l’entendent souvent mieux que les parents“. 
 

 Pèlerin (Sophie Laurant) 27/03/2014

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