Euthanasie : Aucun bénéfice ne peut compenser le tort fait aux personnes vulnérables

Publié le 7 Mar, 2017

L’euthanasie met en présence deux valeurs importantes : celle du respect de l’autonomie individuelle et celle du respect de la vie. Les partisans de l’euthanasie donnent la priorité à l’autonomie tandis que ses opposants s’appuient sur le respect de la vie.

Le respect de la vie n’est pas seulement une valeur religieuse. Toutes les sociétés dans lesquelles des personnes raisonnables veulent vivre, doivent veiller au respect de la vie à deux niveaux : le respect de chaque vie humaine individuelle et le respect de la vie dans la société en général. Et si les « pro-euthanasie » considèrent que celle-ci ne contrevient pas au premier niveau, elle nuit cependant gravement au second.

 

Dans le débat de l’euthanasie, les protagonistes utilisent des images différentes pour marquer l’opinion publique. Ses promoteurs utilisent des histoires montrant de « mauvaises morts naturelles », relatant les souffrances extrêmes de malades en phase terminale et présentent l’euthanasie comme une forme de compassion qui bannit toute cruauté.

 

Ses détracteurs au contraire, utilisent des cas de belle mort naturelle, paisibles, en présence des de ceux qu’ils aiment, remplis du sentiment d’avoir vécu une vie pleine.

 

Mais il y a aussi de « mauvaises morts par euthanasie ». L’histoire de cette hollandaise, atteinte de démence, euthanasiée par son médecin en est la preuve (cf. Pays-Bas : une femme « euthanasiée contre sa volonté et Pays-Bas : une « mobilisation sans précédent » contre l’euthanasie des personnes démentes). Même si nous avions pu croire que l’euthanasie n’était pas intrinsèquement mauvaise, cette histoire montre les risques et le tort qu’elle peut faire aux personnes vulnérables.

 

Entre 4 et 14% des personnes âgées sont abusées, le plus souvent par des proches. Il est difficile d’imaginer un abus plus grand que d’aider un médecin à euthanasier son aîné en contenant « le bien-aimé » qui ne veut pas mourir. Mais il en existe d’autres formes comme le syndrome de l’ « héritage précoce » quand une personne, le plus souvent un enfant, obtient une procuration et utilise les actifs financiers de leurs parents pour eux-mêmes. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent du coût des soins résidentiels pour leurs proches âgés et leurs héritiers voient fondre l’héritage qu’ils estiment leur être du. Ajouter l’euthanasie et vous obtenez un cocktail mortel…

 

Certains objectent que le risque moral de l’euthanasie pourrait être éviter avec la légalisation du suicide assisté, mais le danger est identique. Les études montrent que les raisons qui poussent les personnes à demander le suicide assisté, est lié au sentiment d’être un fardeau pour ses proches… Par ailleurs, le risque moral du suicide assisté est plus large : partout où le suicide assisté a été légalisé, le taux de suicide en général a augmenté. Une fois approuvé en effet, le suicide apparait comme une réponse appropriée à la souffrance, et il est contagieux. Principale cause de décès chez les jeunes, c’est un problème de santé publique grave et important qu’une légalisation ne ferait que promouvoir.

 

Comment ce médecin hollandais à pu faire ce qu’il a fait ? Son acte est le résultat d’un processus de désensibilisation progressive du médecin pour ce qui est impliqué : tuer son patient.

 

Cette désensibilisation résulte de multiples facteurs. Placer les “blouses blanches” de la médecine sur l’euthanasie suggère la validité éthique de l’euthanasie et de sa bonté. Le langage utilisé pour décrire l’euthanasie est aseptisé et « euphemisé ». Le médecin est aveuglé par la conviction que c’est mieux pour le patient et qu’il agit pour son unique bien. Le médecin n’a aucune conscience qu’il ne donne pas un traitement médical et qu’il agit contre le mandat de guérison de la médecine et au-delà de ses objectifs. À un niveau plus profond cependant, l’acte d’euthanasier peut avoir un impact néfaste sur les professionnels de la santé. Des médecins des Pays-Bas et du Canada se retirent parce qu’ils souffrent de traumatismes mentaux, y compris de désordres de stress post-traumatiques, après l’avoir pratiqué (cf. Aide médicale à mourir en Ontario : des médecins se retirent). Ce qui n’a rien d’étonnant : les médecins sont entrainés pour soigner et sauver des vies autant que possible, mais pas à donner intentionnellement la mort. Par ailleurs, toute personne saine d’esprit possède un puissant instinct contre le meurtre intentionnel d’une personne.

 

Nous ne devons jamais ignorer les plaidoyers déchirants de ceux qui souffrent et de ceux qui les aiment et qui veulent que la souffrance de l’être aimé se termine. Mais si nous devons tuer la douleur et la souffrance, nous devons épargner la personne avec la douleur et la souffrance.

Mercatornet (2017/03/07)

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