Au Québec, la loi 52 adoptée le 10 juin 2014 entrera en vigueur en décembre 2015 (cf. Gènéthique du 10 juin 2014). Cette loi prévoit l’aide médicale à mourir d’adultes en fin de vie et sujets à des souffrances exceptionnelles et incurables. Elle prévoit également une clause de conscience pour les médecins.
Déjà dénoncée par les professionnels de santé canadiens, cette loi suscite le « malaise » dans les services de soins palliatifs : « Je suis allé en médecine pour aider les patients à vivre, pas pour les tuer », explique Nicholas Newman. Il poursuit : « les malades âgés sont extrêmement vulnérables. Lorsqu’ils entrent à l’hôpital, ils ont l’impression d’être un fardeau. Ils risquent donc de choisir l’euthanasie par dépit. Seront-ils vraiment en mesure d’exercer leur libre arbitre ? »
Ce médecin « fait partie des quelques 650 signataires du collectif de médecins qui a déposé, en 2014, une requête pour faire invalider la loi devant la Cour supérieure de Montréal ». Cette requête a depuis été suspendue et « l’euthanasie médicalement assistée est désormais considérée comme un droit constitutionnel », par une décision de la Cour Suprême du Canada. Cette décision « s’assortit d’une obligation pour la profession médicale de fournir l’injection létale, ce qui menace le droit à l’objection de conscience », déplore Nicholas Newman.
Dans les services de soins palliatifs, « l’immense majorité des intervenants se sont prononcés contre la loi ». L’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité « a d’ailleurs été incapable de fournir le nom d’un seul médecin de soins palliatifs acceptant de témoigner en faveur du droit à l’aide à mourir ». Par cette opposition, ils témoignent du fait que « l’euthanasie est contraire à leur philosophie qui est d’accompagner le malade jusqu’au bout ».
Pour l’heure, la « confusion règne » sur la mise en œuvre de la loi 52 : les hôpitaux publics « devront se plier à la loi », mais « qui appuiera sur le piston de la seringue ? »
Quebec science (22/10/2015)