Euthanasie au Québec : 10 fois plus de décès que prévu, mais ce n’est pas encore assez pour le gouvernement

Publié le 8 Avr, 2019

Au Québec, cinq ans après l’adoption de la loi introduisant l’aide médicale à mourir en 2014, l’heure est aux premiers bilans : un Rapport sur la situation des soins de fin de vie au Québec a été déposé la semaine dernière à l’Assemblée Nationale. Ce rapport fait état de 1632 aides médicales à mourir entre le 10 décembre 2015 et le 31 mars 2018, et de 1704 sédations profondes et continues jusqu’au décès.

 

Le nombre d’aides médicales à mourir est dix fois plus important que ce qui avait été envisagé lors de l’adoption de la loi. Pourtant les ministres québécois trouvent que c’est encore insuffisant. Michel Bureau, président de la Commission sur les soins de fin de vie, déplore les 830 demandes d’euthanasie qui n’ont pas pu être satisfaites dans les temps, « un nombre trop élevé ». La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, elle, se scandalise des demandes de patients qui n’ont peut-être pas été entendues, réclamant que les hôpitaux créent un guichet d’enregistrement systématique des demandes. Quant à la députée Véronique Hivon, qui a travaillé sur la loi en 2014, elle se dit « très déçue » et trouve « inadmissible » que le personnel soignant puisse proposer aux patients de revenir sur leur décision. « Cela ne peut pas durer », ajoute-t-elle, scandalisée que 99% des médecins québécois refusent de pratiquer l’aide médicale à mourir. Ils sont 350 à accepter d’en réaliser, c’est « trop peu » pour Madame Hivon, et les autres sont des médecins « rebelles » selon Michel Bureau, qui va jusqu’à fustiger des « poches de résistance ».

 

Le rapport évoque aussi le recours aux soins palliatifs, qui intervient généralement dans les 15 jours précédant le décès probable. Pour Michel Bureau, dans la majorité des cas, « ils auraient pu y être un ou deux mois avant », et selon lui « la culture médicale, qui insiste pour tout faire afin de sauver le patient, est en cause » provoquant plusieurs mois de souffrance inutile chez les patients.

 

Quelques chiffres issus de ce rapport : 87 % des patients décédés avec l’aide médicale à mourir avaient plus de 60 ans, 78 % étaient atteints de cancer. 67 % des décès ont eu lieu à l’hôpital, 20 % à domicile, 10 % en EPHAD et 1% en maison de soins palliatifs.

La Voix de l’Est, Patricia Cloutier (03/04/2019)

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