Etats-Unis : le business lucratif du ”test génétique universel”

Publié le 3 Fév, 2010

La société américaine Counsyl propose, pour 349 dollars, un test salivaire pour analyser l’ADN des futurs parents avec pour objectif de prédire le risque de maladies génétiques chez leurs futurs enfants. "Protégez votre bébé de plus de 100 maladies avec un simple test salivaire, avant même la grossesse" : l’offre de ce "test génétique universel" fait déjà beaucoup d’émules, et une centaine de maternités américaines le pratiquent depuis quelques mois.  Ce test qui peut être commandé sur Internet pourrait détecter "des variants génétiques correspondants à plus de 100 maladies héréditaires dont la mucoviscidose, la drépanocytose […] ou encore la maladie de Tay-Sachs".

La particularité génétique de porteurs sains ne peut, en général, être connue qu’après un premier cas de la maladie dans la famille. Le test de Counsyl vise à détecter en amont ces particularités génétiques "afin de proposer un conseil génétique. Il peut conduire à un diagnostic préimplantatoire, si le foetus est conçu dans le cadre d’une fécondation in vitro, ou à des tests prénataux dans le cas d’une conception naturelle". Selon un article paru dans Technology Review, "environ 30 à 40% des personnes qui ont passé ce test étaient porteuses d’au moins une anomalie génétique. Et les deux parents étaient concernés dans 0,6 à 0,8%". Le directeur de la firme, Ramji Srinivasan, a pour ambition "d’en faire ‘un test équivalent aux tests de grossesse pratiqués à domicile‘ ".

Des firmes telle que Decodeme s’étaient déjà lancées, ces dernières années, dans le commerce lucratif de la médecine prédictive. Elles promettent, en échange de quelques centaines d’euros, de prédire à leurs clients "leur susceptibilité à des maladies communes : cancers, maladies cardio-vasculaires". En France, où ces tests sont interdits a priori, les spécialistes sont pour la plupart "très critiques sur la pertinence de ces chek-up génétiques". Bientôt ouvert aux demandes étrangères, le test représente une "démarche commerciale  mais sans intérêt médical" selon le Pr. François Thépot de l’Agence de biomédecine. Alors que des spécialistes américains voient dans le test "un moyen de ‘prévenir’, voire de faire disparaître de nombreuses maladies mortelles, avec au passage de substantielles économies de santé", le Pr. Thépot déplore que cet outil précieux qu’est la génétique soit à ce point galvaudé. " ‘Nous sommes tous porteurs de traits récessifs qui ne s’expriment pas, je ne vois pas à quoi peut servir cette prétendue prévention’ " estime-t-il. Lorsqu’un cas de mucoviscidose est repéré dans une famille, on peut en effet connaître l’expressivité de la maladie, "mais comment la prédire quand aucun cas n’est encore survenu ?" De surcroît, toutes les mutations n’ont pas été encore identifiées dans nombre de maladies génétiques.

Le Figaro (Sandrine Cabut) 03/02/10

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