En Espagne, le gouvernement « a décidé de raviver un débat qui semblait éteint : celui du droit à l’avortement » (Cf Synthèses de presse Gènéthique du 18/04/2013 et du 21/01/2012). Le 28 avril 2013, Alberto Ruiz Gallardon, ministre de la justice et ancien maire de Madrid, a en effet déclaré dans la presse qu’il souhaitait « pénaliser de nouveau l’avortement même dans les cas les plus tragiques », notamment en « cas de ‘malformation grave’ du fœtus ». A ce jour, aucun texte n’a été transmis au Parlement. L’actuelle loi sur l’avortement, entrée en vigueur en 2010 sous le gouvernement Zapatero, « permet d’avorter jusqu’à la quatorzième semaine de gestation ». Le projet de réforme du gouvernement de Mariano Rajoy « relance un débat que l’opinion (…) pensait clos ».
Pour la députée Elena Valenciano, numéro deux du Parti Socialiste ouvrier espagnol (PSOE), les conséquences du « retour en arrière » envisagé sont évidentes : « les femmes (…) iront dans d’autres pays pour avorter si elles le désirent. Les autres (…) le feront aussi, mais dans de pires conditions ». Le président de la Conférence épiscopale espagnole, l’archevêque Antonio Maria Rouco Varela, quant à lui, s’insurge « contre la lenteur du gouvernement à adopter la nouvelle loi ». Gador Joya, porte-parole de l’association Derecho a Vivir (Droit de vivre), exprime également ses regrets : « Si ce gouvernement croyait vraiment ce qu’il dit, avec la majorité absolue qu’il détient, cela fait longtemps que la nouvelle loi devrait avoir été votée ».
« Pour le PSOE, ces prises de position témoignent de l’ingérence de l’Eglise dans la politique et sont de trop ». Celui-ci « a affirmé qu’il demandera la rupture des accords avec le Saint-Siège si une nouvelle loi sur l’avortement devait être votée ».
Le Monde (Sandrine Morel) 8/05/2013