Dans son édition du 30 octobre, l’hebdomadaire La Vie propose une enquête exclusive de 26 pages, « Mourir en France » pour tenter de comprendre les enjeux autour de la fin de vie. Le dossier balaie les différents lieux de fin de vie : l’hôpital, où 60% des Français terminent leurs jours, le domicile, et la maison de retraite, abordant aussi des thèmes clés comme ceux des soins palliatifs, de la souffrance à l’approche de la mort, de la sédation.
En ouverture de ce dossier, Jean-Pierre Denis explique que « si les Français réclament en majorité le ‘droit à mourir’, c’est en grande partie parce que la médicalisation et la déshumanisation de la mort ont de quoi inquiéter chacun d’entre nous. » Pour lui, « c’est bel est bien une approche humaniste du soin qu’il faut urgemment développer, afin de ne plus se contenter de prendre en charge un corps ou, pire, tel ou tel de ses organes, mais de prendre l’être dans sa globalité ». « Suivre ce programme, c’est réinventer radicalement la fin de vie pour en refaire le lieu d’humanité par excellence ».
Dans ce sens, le dossier propose un article sur l’agonie, une étape essentielle vers la mort, trop souvent occultée des réflexions sur la fin de vie comme le souligne le professeur Didier Sicard : « En 30 ans, la société est devenue intolérante à l’agonie, avec l’idée que la force de la société, ce sont les vivants, et que, d’une certaine façon, les mourants doivent s’adapter ». L’agonie est l’étape qui précède de quelques heures ou de quelques jours le décès. L’article cite la première étude clinique sur le phénomène de l’agonie lancée par la SFAP (Société française d’accompagnement et de soin palliatifs) qui la décrit comme une « extinction des feux » et qui pose la question de la prise en compte d’« un combat réflexe » du corps qui ne trahit pas forcément une souffrance, des « signes d’anxiété et de crispation ». Si l’agonie peut être impressionnante, des gestes simples, comme celui de redresser un mourant ou l’administration de certains médicaments, peuvent soulager et aider à apaiser ce moment.
« En fait, l’opinion publique ne demande pas l’euthanasie comme à l’étranger, mais la suppression de la phase d’agonie. Parce qu’elle y voit de la bientraitance de ne pas laisser un mourant quasi inconscient aller jusqu’au bout » précise Bernard Devalois, chef de service de médecine palliative de l’hôpital de Pontoise (Val d’Oise). Le débat est ouvert et les moyens à mettre en place pour apprivoiser la mort dans la paix à approfondir.
La Vie (Josephine Bataille – Jean-Pierre Denis – Pierre Laurent) 30/10/2014