Mardi 15 octobre, Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loire et président du groupe parlementaire Libertés et Territoires, déplorait l’abandon du projet d’extension du diagnostic pré-implantatoire (DPI) dans le projet de loi bioéthique (cf. Victoire contre l’eugénisme à l’Assemblée nationale : Pas de destruction des “embryons trisomiques” en l’éprouvette), « en déclarant à la tribune de l’Assemblée nationale : « Il faut traquer, oui je dis “traquer”, les embryons porteurs d’anomalies chromosomiques » ».
Philippe de Lachapelle, directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH), s’insurge : « Ces mots sont terribles : parler de « traque », c’est d’une violence incroyable pour toutes les personnes handicapées, porteuses d’une « anomalie chromosomique » ». « C’est malheureusement très révélateur de l’eugénisme à l’œuvre dans notre société ». Il rappelle : « Durant les États généraux de la bioéthique, le docteur Israël Nisand a affirmé : « Nous sommes dans une société eugéniste handiphobe » » et commente : « Il a raison. Il parle d’eugénisme positif. De quelque façon qu’on l’appelle, « positif » ou pas, ça reste de l’eugénisme. Ce n’est pas un eugénisme d’État, mais les lois l’encouragent. » Et d’avertir : « Il y a trois piliers sur lesquels il s’appuie : l’individualisme, le marché performant et la science. Si on n’est pas vigilant face à ces logiques, on bascule. L’eugénisme fonctionne sur le même moteur que la catastrophe écologique. L’environnement aussi est détruit à cause de l’individualisme, du marché performant et de la science. Comme pour l’écologie, avec l’eugénisme, on va là où on ne veut pas aller. On n’a pas envie d’être eugéniste. » Pourtant : « la loi bioéthique renforce une forme d’eugénisme qui va plus loin encore qu’auparavant ».
Mais tout n’est pas joué d’avance pour Philippe de Lachapelle : « Le premier réflexe est de continuer à se battre. La loi n’est pas encore passée. Je trouve ça exaspérant qu’on l’appelle « loi bioéthique ». Il y a bien plus que ça, elle englobe tout. On est insensibilisé tellement on a franchi de pas sur le sujet, tellement on ne distingue plus le bien du mal. ». L’enjeu ? « Changer de regard sur la personne ». En réponse à la dépendance manifeste des personnes handicapées, « il faut consentir à ces liens, à cette interdépendance ». « Cette idée de « traque » est révélatrice de ce choix. On est sur une ligne de crête : est-ce qu’on élimine ou est-ce que l’on rencontre ? »
La Vie (16/10/2019) – Le directeur de l’OCH dénonce la volonté de « traquer » les anomalies chromosomiques