En Chine, les avortements de filles après des analyses de sang illégales à Hong-Kong sont monnaie courante

Publié le 22 Mai, 2019

Un véritable trafic d’échantillons de sang s’est installé entre Hong-Kong et le Sud de la Chine. Si la politique de l’enfant unique a officiellement pris fin en Chine depuis 2016, la préférence pour les garçons est restée solidement ancrée dans la culture, et le déséquilibre démographique demeure. « Il y a aujourd’hui 31,6 millions d’hommes de plus que de femmes. L’an dernier, on dénombrait encore, pour la naissance de 100 filles, celle de 115 garçons. » Pour limiter cette hémorragie le gouvernement chinois interdit toute analyse précoce du sang maternel, ou DPNI (Diagnostic Prénatal Non Invasif), sauf en cas de risque médical. Le DPNI permet de connaître le sexe du bébé dès la septième semaine de grossesse, soit bien avant l’échographie.

 

Un véritable trafic s’est mis en place pour réaliser ces analyses dans des laboratoires à Hong-Kong, où la pratique est légale à condition d’avoir l’ordonnance d’un médecin local. La publicité se fait même sur les réseaux sociaux, malgré la surveillance étatique. Une infirmière vient faire à domicile la prise de sang à la mère, les échantillons sont acheminés jusqu’aux laboratoires de Hong-Kong qui ferment les yeux sur la provenance. Les réseaux de contrebande sont bien organisés et les échantillons « arrivent sans problème à destination ». Une fillette de 12 ans a cependant été arrêtée à la frontière en février dernier, « elle avait 142 flacons de sang de femmes enceintes dans son sac à dos ». Les organisations garantissent un résultat sous 24 heures et font payer 520 € pour cette prestation prisée.

 

« J’ai déjà trois filles, honnêtement, je veux un garçon », explique M. Wang, 39 ans, qui a pu dépasser le nombre légal d’enfants « comme beaucoup de familles chinoises riches ou ayant des relations ». « La pression familiale pour avoir un héritier masculin est forte. Les Chinois veulent toujours un garçon pour perpétuer la lignée. C’est archaïque, mais beaucoup de gens pensent comme ça », précise-t-il en ajoutant que sa femme et lui iront immédiatement avorter si leur bébé s’avère être une fille. Ils sont venus eux-mêmes à Hong-Kong faire l’analyse, une démarche non interdite, mais inaccessible à la majorité.

 

Il est illégal d’expédier hors de Chine des échantillons de sang sans un permis spécial. A Hong-Kong l’importation est autorisée, sauf en cas de soupçon de présence d’agents infectieux. Le Département de la Santé de Hong-Kong affirme lutter contre ce trafic, le nombre d’enquêtes ouvertes a triplé depuis 2016, mais aucune n’a abouti faute de preuves. « D’un point de vue éthique c’est totalement inacceptable car cela contribue à encourager les avortements sélectifs, déplore le ministre Kwok Ka-ki. Les avortements sélectifs sont responsables de nombreuses tragédies en Chine et d’un déséquilibre de la population. Comment peut-on les cautionner ? »

AFP (22/05/2019) – Fille ou garçon? Hong Kong au coeur d’un trafic de sang de Chinoises enceintes

Photo : Pixabay/DR

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