En Belgique, plus de 750 médecins et soignants s’opposent à la proposition de loi sur l’avortement

Publié le 26 Nov, 2019

« Nous dénonçons le délitement des balises éthiques dans la proposition de loi qui vise à élargir les conditions d’accès à l’avortement. Elle brise le nécessaire équilibre entre la liberté de la femme et l’attention portée à l’enfant à naître qui se développe dans son corps. » En Belgique, plus de 750 médecins, sages-femmes, infirmiers et psychologues prennent la parole pour dénoncer la nouvelle proposition de loi visant à élargir les conditions d’accès à l’avortement, au risque de le banaliser encore davantage (cf. Belgique : vers une proposition commune pour élargir l’accès à l’avortement).

 

Cette proposition comporte trois volets importants :

– repousser le délai légal pour un avortement de 3 mois à 4,5 mois de grossesse (20 semaines d’aménorrhée),

– réduire le délai de réflexion de la femme qui demande une IVG de 6 jours à 48 h,

– considérer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) comme un banal acte médical ou soin de santé.

 

Les signataires s’appuient sur leur expérience auprès des patientes pour s’opposer à de telles modifications.

 

Pratiquer un IVG sur un bébé de 4,5 mois de grossesse, c’est avorter à quelques semaines du seuil de viabilité du bébé. Le bébé mesure 20 centimètres, il est sensible au toucher et aux sons. « Nous nous trouvons face à un être humain déjà formé, et nous devons à la fois respecter la vie encore invisible à l’œil nu mais qui n’échappe pas à nos instruments médicaux, et témoigner d’un profond respect pour chaque femme et sa situation, souvent complexe ». Les praticiens ajoutent qu’ « à l’heure où médecins, infirmières et éducateurs s’efforcent d’éduquer les jeunes en les encourageant à vivre une sexualité responsable (…) l’allongement du délai légal à 18 semaines envoie un signal contre-productif de déresponsabilisation et de banalisation ».

 

Réduire le délai de réflexion à 48h c’est nier l’ambivalence des sentiments qu’une femme peut éprouver lorsqu’elle découvre une grossesse non planifiée, « c’est faire fi d’une nécessaire maturation de la réflexion. En effet, face à un tel choc émotionnel, il est normal qu’une femme dans une situation difficile ne se sente pas directement capable de s’occuper d’un enfant alors qu’elle vient de découvrir sa grossesse, ce qui ne présage en rien de sa capacité à être mère ». Il faut parfois un temps de réflexion à la femme « pour réaliser qu’en fait, il n’est pas nécessaire pour un enfant d’être issu d’une grossesse programmée pour qu’il soit heureux, du moment qu’il est accueilli ».

 

Enfin, considérer l’avortement comme un acte médical comme un autre c’est mentir aux femmes. C’est nier que pour nombre d’entre elles, l’IVG laisse des traces psychologiques difficiles à vivre. C’est aussi nier que pour beaucoup de soignants cette intervention contredit leur vocation à prendre soin. Qualifier cet acte de « médical » risquerait d’entrainer de nouvelles pressions morales sur les soignants, affaiblissant la possibilité pour eux d’invoquer une clause de conscience.

 

Pour aller plus loin :

L’avortement ne pourra jamais être un « droit fondamental », ni une « liberté »

L’obligation des Etats de prévenir le recours à l’avortement

La Libre (26.11.2019)

 

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